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lundi 1 novembre 2010

Ma visite aux Yézidis du nord de l’Irak



Un premier Congrès mondial se déroula à Erbil du 6 au 9 septembre 2006 sur la Kurdologie. J’eus l’honneur d’y participer. J’y fis un exposé sur deux brillantes dynasties kurdes : les Marwanides de Mayafarikin (990-1085) et les ‘Ayubides de la Djazira, gouvernés par Malik al-Ashraf (+1237). Les chroniqueurs syriaques soulignaient leur tolérance envers les chrétiens syriaques. Lors de ce congrès, trois conférences furent données sur les Yézidis, leur religion et leur culture. L’une d’elle attira particulièrement mon attention, celle du professeur yézidi Khalil Jindi, qui vit en Allemagne. Il parla des intellectuels yézidis qui redécouvraient leur histoire. Ils ne voulaient plus laisser à ceux qui n’étaient pas de leur communauté la charge de la rédiger à leur place. Ils écrivaient des livres et des articles, qui livraient aux lecteurs une connaissance du Yézidisme plus objective et plus vraie, loin des fictions et stéréotypes.

Les origines du Yézidisme sont très anciennes au Moyen Orient. Ce mot pourrait venir des mots persans ized, yezdan, « Ange-Dieu » ou azata « être digne de vénération.»

On estime aujourd’hui que les Yézidis sont environ 500 000 individus. La plupart vivent au nord de la Mésopotamie, et près de Mossoul, au Kurdistan irakien. Les Yézidis parlent le kurde, sauf dans les villages de Bashika et Bahazane, au nord de l’Irak où ils emploient l’arabe. Des communautés résident en Turquie, en Syrie, en Géorgie, en Arménie, en Iran, en Europe.

La visite du centre culturel

J’eus le vif désir d’aller visiter les hauts lieux des Yézidis, au Kurdistan irakien. À la fin septembre 2006, je fis un bref séjour à Zakho, la ville dont je suis originaire. Zakho est située à 120 kilomètres au nord de Mossoul, non loin de la frontière turque. Accompagné de mon frère Brika, je me rendis un jour au grand hôtel Sipan, qui appartenait au Cheikh Khairy. Avec son frère aîné Shamo, chef religieux, ils étaient les grands Cheikhs yézidis de la grande tribu des Haweri. C’était un ami de la famille.

Je m’attendais à voir un vieux cheikh avec une longue barbe et un turban sur la tête. J’aperçus un bel homme d’affaires, âgé d’une quarantaine d’années, aux cheveux marron clair, au teint blanc, à l’allure dynamique et distinguée. Cheikh Khairy portait avec élégance un costume occidental.

Nous bavardâmes agréablement, puis nous montâmes dans deux voitures et partîmes visiter le centre culturel des Yézidis à Dohuk. C’est une ville située entre les chaînes de montagne Bekher et Shndokha, à une cinquantaine de kilomètres de Zakho. À notre arrivée au centre, nous fûmes accueillis sur le seuil par le directeur Saïd Sallo et tout le personnel. Ils embrassèrent Cheikh Khairy, nous serrèrent la main, et nous firent entrer dans une galerie-musée, décorée de photos, évoquant les grands événements politiques et religieux de leur histoire.

Puis nous allâmes voir la bibliothèque, riche de nombreux ouvrages et revues. Le directeur me présenta avec fierté un magazine culturel, trimestriel, illustré, intitulé Lalish, rédigé en kurde, en arabe et en anglais. C’était le numéro 24, du mois de mai 2006. Je le feuilletais attentivement, et trouvai que c’était un magazine de qualité et de bon niveau.

Un autre journal bi-mensuel, La voix de Lalish, donnait des informations sur les activités culturelles et religieuses de la communauté yézidie.

Le directeur nous parla aussi des activités multiples du centre. L’on y organisait régulièrement des expositions artistiques, des conférences sur les rapports de la communauté yézidie avec les peuples d’autres communautés et religions, comme les chrétiens et les musulmans. L’on y éditait le calendrier de l’année religieuse et civile des Yézidis.

Le centre accueillait les diverses délégations qui arrivaient de partout, d’Arménie, des Républiques caucasiennes, d’Europe.

Il servait de lieu d’étude et de recherche pour les étudiants.

Le responsable du service informatique nous entretint avec passion du nouveau site intitulé www. lalishduhok.org, qui venait d’être inauguré officiellement. Ce site servirait de canal d’information pour les Yézidis et leurs amis dans le monde entier.

Après cette visite complète du centre, nous nous reposâmes dans le bureau du directeur Said Sallo, entouré de toute son équipe, et prîmes un bon thé. Nous discutâmes fort longtemps sur les rapports cordiaux qui existaient entre le peuple assyro-chaldéen-syriaque et les Yézidis, deux groupes minoritaires établis dans le nord de l’Irak depuis l’antiquité.

Modernisation

Les gouvernements successifs de l’Irak, soucieux d’uniformiser leur pays, adoptèrent souvent une attitude agressive à l’égard des Yézidis. Ils déclenchèrent quelques persécutions contre eux, qui résultaient de la méfiance et de la mésentente. Les Yézidis résistèrent, mais se replièrent sur eux-mêmes, essayant désespérément de garder leur foi et leurs traditions. La pauvreté rôdait autour de leurs communautés, résultant de l’ignorance et du manque d’éducation. Cependant, ils comprirent que pour survivre, il fallait se moderniser, rattraper l’âge de la connaissance et du progrès. Dès l’an 1933, des écoles primaires furent ouvertes au Sindjar et au Cheikhan, mais elles furent fermées en 1934-35 par le gouvernement de Bagdad, lors de la révolte des tribus contre le service militaire, puis ouvertes à nouveau en 1936, après la fin de la rébellion. Vers 1960, des familles poussèrent leurs enfants à poursuivre des études supérieures à l’université. Hélas, le climat de la dictature baassiste, qui prit ensuite le pouvoir en 1968, ne permit pas aux jeunes de continuer leurs études supérieures et de faire évoluer autant qu’ils le souhaitaient leurs communautés.

Il fallut attendre 1991 pour que les Yézidis retrouvent une certaine paix et liberté. Après la guerre du Golfe, les trois départements du nord du Kurdistan, Dohuk, Erbil, Soulemayia passèrent en effet sous la protection des Américains. Les Kurdes, considérant les Yézidis comme une ethnie kurde, leur donnèrent une certaine possibilité de pratiquer librement leur religion et de promouvoir leur patrimoine et leur culture. Pour la première fois de leur histoire, ils purent créer à Dohuk leur propre centre culturel, ajoutant à leur identité un élément d’éducation et de modernisation qui leur avait été refusé sous les régimes répressifs précédents.

Après 2003, et la chute du régime de Saddam Hussein, afin de donner une impulsion au peuple yézidi, 10 autres centres culturels, dépendant de celui de Dohuk, furent créés dans les villes et villages du Kurdistan, à Baadri, à Sindjar, à Cheikhan, à Bashika etc…. Ils furent dotés de bibliothèques, de salles de conférences, d’équipements.

Cinquante ans après, le voyage vers le tombeau de Cheikh Adi

Toujours accompagnés de Cheikh Khairy, mon frère et moi nous remontâmes en voiture et prîmes la direction de Lalish, à une centaine de kilomètres de Dohuk. Lalish, entouré de trois montagnes, est le centre du monde, un centre de culte majeur et symbolique pour les Yézidis, qui y viennent en pèlerinage, car il contient le tombeau du fameux Sheikh Adi ibn Mustafa, le grand chef religieux des Yézidis.

Selon les érudits, Sheikh Adi vécut au début du douzième siècle. Il vint à Bagdad, étudia la théologie. Puis il se retira dans la vallée de Lalish. Le jeune mystique s’isola dans ses méditations spirituelles au cœur de la montagne, vécut dans la pauvreté, et attira des disciples. Il mourut en 1162, mais son culte ne cessa de grandir. Son tombeau devint un haut lieu rayonnant de foi, attirant les pèlerins.

Nous traversâmes la ville de Cheikhan, une sous-préfecture habitée par une majorité de Yézidis. Nous aperçûmes une église, une mosquée, un temple blanc et cannelé. Les trois religions, musulmane, chrétienne, yézidie s’y côtoyaient en paix.

Quelques kilomètres plus loin, nous arrivâmes dans une vallée étroite, luxuriante et belle, plantée de figuiers, de grenadiers, de mûriers, que traversait un cours d’eau. Un ancien temple, dédié à Cheikh Adi, surmonté de deux grands cônes blancs, et d’un cône plus petit se détachait lumineusement sur la montagne plantée de chênes et autres arbres et arbustes. Nous franchîmes un portail, garâmes les voitures dans une longue cour extérieure, bordée de bâtiments.

Des membres du clergé, coiffés de turbans blancs, vêtus de tuniques et de pantalons blancs, serrés aux chevilles, pieds nus, pour être en contact avec la terre, vinrent embrasser respectueusement Cheikh Khairy et nous saluer. Un jeune garçon s’approcha de nous, nous pria de nous déchausser et prit nos souliers. Nous pénétrâmes dans une deuxième cour intérieure.

Là, se dressait le temple. Au-dessus de la porte, deux paons sculptés veillaient. Sur le côté droit, un serpent noir, long de deux mètres, se dressait sur sa queue. Des symboles anciens, soleils, lunes, étoiles, fleurs ornaient les pierres.

Des souvenirs me submergèrent. Il y a cinquante ans- j’étais alors élève à Mossoul- j’avais visité le sanctuaire avec mes maîtres et mes camarades.

Le temple avait été restauré. De nouvelles constructions s’élevaient. J’entendis la voix de Cheikh Khairy qui nous priait d’enjamber le seuil, espace sacré, intouchable. Seul Cheikh Adi avait eu le droit d’y poser le pied.

Nous entrâmes dans une vaste galerie de 30 mètres sur 12, décorée de lampes, coupée par une colonnade de 7 hautes arcades. Une délicieuse fraîcheur y régnait. Des pèlerins avaient attaché des tissus rouges, verts, mauves autour des colonnes. Ils y avaient fait des nœuds pour la réalisation de leurs vœux.



Une autre pièce du sanctuaire contenait des dizaines de jarres d’huile, de toutes tailles. Une petite lampe brillait en dégageant une fumée légère ; sa flamme ne devait jamais s’éteindre. Des salles plus petites abritaient les cénotaphes d’anciens cheikhs.

Nous gagnâmes par une antichambre latérale le saint des saints, le tombeau de Cheikh Adi, un haut sarcophage recouvert d’une draperie rose, multicolore, garnie de glands, de franges. Cheikh Khairy nous pria de tourner avec lui cinq fois autour. Nous saisîmes de nos doigts les franges, les nouâmes et fîmes un vœu. Mon vœu était la paix et la prospérité au Kurdistan fédéral. Nous revînmes vers l’entrée, et nous collâmes notre dos à la paroi d’une niche, et nous refîmes un souhait plus personnel.

Puis nous descendîmes par un escalier étroit et sombre, dans une petite salle. Au centre, il y avait un bassin, alimenté par une source qui sortait de la montagne. Les pèlerins qui venaient là s’aspergeaient d’eau sacrée.

Nous ressortîmes à l’air libre et chaud. Dans la cour de réception, couverte à l’ouest, nous saluâmes d’autres Yézidis habillés de blanc ou en costumes kurdes. Ils nous convièrent à un copieux repas, composé de viande de mouton, de riz, de concombres, de tomates, de fromages. Tous les hommes mangeaient, debout devant des tréteaux garnis de victuailles, les pieds nus. Sur le mur, un grand paon multicolore, dessiné quelques années auparavant par un peintre yézidi, faisait la roue, représentant Tawûsê Melek, le plus puissant et le plus noble des anges. Je pensai que dans de nombreuses traditions, le paon était un symbole solaire, un symbole de beauté, de paix, de prospérité, d’immortalité ; sa queue déployée symbolisait le déploiement cosmique de l’Esprit.1

L’Ange-Paon, la perle et l’illumination

Au moment du thé qui terminait le repas, j’interrogeai sur divers points un cheikh au visage olivâtre.
-Pouvez-vous me dire combien de plis il y a sur les cônes du temple ?
–Vingt-quatre, me répondit-il lentement, correspondant aux vingt-quatre heures de la journée. Quant au cône, il symbolise la terre touchant le ciel.
Un autre cheikh, grand et mince, me parla de sa religion et de la doctrine fondamentale des Yézidis. Il essaya de répondre avec ferveur à toutes mes questions. Je donne ici une synthèse de sa pensée.

La religion yézidie est une religion monothéiste, syncrétique, de tradition savante et populaire, où se mêlent apparemment des éléments soufis, et des éléments venus de la Haute Mésopotamie et de l’Iran, très anciens. Elle est riche en symboles et en poésie, et ses fidèles y sont très attachés. Les Yézidis croient en un Dieu unique et bon. Ils ont deux livres sacrés, Misehfa Resh (Livre noir) et Kitba Cilwe (Livre de l’Illumination). Plusieurs récits cosmogoniques entrecroisent leurs fils dans l’étoffe de la doctrine yézidie.
Le récit de la Création, selon le Mishefa Resh, diffère de celui des chrétiens et des musulmans. En premier, un Dieu tout puissant créa sept anges. Il façonna le monde comme une grosse perle blanche, pure et précieuse, symbole de l’illumination. Le monde resta ainsi pendant 40 0000 ans, chiffre magique. Puis Dieu brisa la perle dont les éclats formèrent la terre, le ciel, la mer. Il créa les animaux, les plantes. Puis Il pétrit avec de l’argile le corps d’Adam, souffla sur lui, et lui donna une âme.

Un autre récit raconte que Dieu créa Tawûsê Melek de sa propre illumination, et ensuite sept anges. Il ordonna à Tawûsê Melek et aux anges d’apporter de la terre, de l’eau, du feu, de pétrir le corps d’Adam. Il lui donna la vie, lui insuffla une âme. Il demanda aux anges de se prosterner devant Adam. Tous obéirent sauf Tawûsê Melek. Dieu l’interrogea sur son refus. Il lui répondit qu’il n’adorait que Dieu seul. Il ne rendait hommage qu’à L’Unique. Ainsi, lui, Tawûsê Melek ne pouvait se prosterner devant Adam qui n’était pas son semblable. Il n’était pas né de la poussière, comme l’homme, mais d’une illumination divine. Alors Dieu qui l’avait éprouvé, le loua et en fit le chef des anges et son représentant sur la face de la terre.

Deux principes dominent la religion yézidie, la pureté spirituelle, la croyance en la métempsycose. Les saints se réincarnent périodiquement sous forme humaine. Les autres peuvent se réincarner sous formes d’animaux.

Dans le passé, des musulmans, se basant sur le Coran, le Livre saint de l’Islam, reprochèrent aux Yézidis de n’être pas des Gens du Livre, comme les juifs et les chrétiens, qui avaient le statut officiel de dhimmis. Parfois, ils ne purent établir avec eux de bonnes relations et se montrèrent intolérants.
La communauté yézidie n’a rien à voir avec une secte satanique, ni avec ses rituels, comme on l’a parfois raconté. Le serpent représenté à la porte du temple n’est pas un symbole du mal, mais de régénération. Tawûsê Malek n’est pas un ange déchu, une source de mal. C’est un démiurge issu d’une illumination de Dieu, et selon des récits, le créateur du monde matériel. Les Yézidis pensent que le bien et le mal existent dans l’esprit et le cœur des hommes. Il dépend d’eux de faire le bon choix. Leur dévotion envers Tawûsê Malek, le puissant Ange-Paon, le Sage, peut les guider. Dieu lui ayant donné le choix entre le bien et le mal, il choisit le bien.

Les anges, qui vivent au-delà des étoiles, possèdent une nature sublime. Ils connaissent dans une lumière qui est au-dessus du temps, éternelle. Ils sont les auxiliaires de Dieu. Ils exercent un rôle d’illumination et de protection auprès des hommes.

« Tout ange est terrible », écrivait dans ses célèbres élégies le poète autrichien Rainer Maria Rilke ( 1875-1926). Tawûsê Melek envoie bénédictions et infortunes comme il veut, il est inconvenant de le questionner. Il a une grande influence sur le monde et le fait aller.

Une société bien structurée

La société yézidie est bien organisée religieusement, hiérarchisée. Au sommet, se tient l’émir ou prince, chef séculier, héréditaire, de la communauté, descendant de Cheikh Adi et hériter d’Abraham. Puis viennent le Papa Cheikh, deuxième personnage, qui dirige la hiérarchie religieuse, les cheikhs, chefs religieux des clans yézidis. Il y a ensuite les pirs, délégués religieux, les qawals, musiciens, prédicateurs, les faqirs, sortes d’ascètes qui entretiennent le tombeau de Cheikh Adi et les édifices sacrés, et les mûrids, les disciples. Chaque tribu observe cette hiérarchie, et toutes obéissent au grand émir du Cheikhan.

Les fêtes

La fête du Nouvel an, fête de la Création du monde, commence le premier mercredi du mois d’avril, selon le calendrier Julien, avec musique, danses, œufs peints, repas. Les Yézidis boivent de l’alcool, qui n’est pas prohibé. Ils croient que Tawûsê Melek descend sur terre ce jour-là, jour où Dieu le créa.
Dans l’empire assyrien, le roi et le peuple célébraient joyeusement à cette époque la fête de l’Akitu, du Nouvel an.

Une deuxième fête agrémente le calendrier yézidi. La fête de l’Assemblée, Cejna Cemaiya est célébrée pour commémorer la mort de Cheikh Adi en 1162, et pour affirmer l’identité yézidie. Elle dure sept jours. Les fidèles viennent de partout, ils allument des centaines de lampes sur les tombeaux de Cheikh Adi et des autres saints. Ils célèbrent l’arrivée prochaine de l’automne, du 23 du mois d’Elul au Ier de Tishrei (septembre).

Parmi les autres fêtes, il y a celle de Tawûsgeran, la circulation du paon. Les qawals et autres dignitaires religieux, visitent les villages yézidis, en balançant au son des tambourins de brillants encensoirs. Ils apportent le Sindjak, sorte d’images sacrées représentant l’Ange-Paon, associé à Tawûsê Melek. Les qawals vénèrent le Sinjak, prêchent des sermons, distribuent de l’eau sacrée, récoltent les offrandes qui serviront à l’entretien du tombeau de Cheikh Adi et des prêtres.

À Vienne, en Autriche, est conservé un magnifique symbole de bronze ou de cuivre jaune représentant l’Ange-Paon.



Prières et jeûnes

Debout, la face tournée vers le soleil qu’ils vénèrent, les Yézidis récitent deux prières par jour, le matin au lever du soleil et le soir, à son coucher. Ces hymnes et ces chants viennent principalement de leur livre sacré Misehfa Resh (Livre noir.) Le mercredi est leur jour saint, travaillé, mais le jour de repos reste le samedi.

Les Yézidis observent deux périodes de jeûne de 40 jours, en hiver et en été. Ils jeûnent un mercredi de février, et le lendemain, commence la fête de Khdir Allias.

Traditions et coutumes

Les Yézidis proclament qu’ils descendent tous d’Adam. Ils se marient entre eux, ils restent le plus souvent monogames. Ils aiment la nature, honorent les arbres et les rivières, respectent l’environnement. Il leur est interdit de cracher sur les quatre éléments sacrés, l’eau, le feu, la terre, l’air. Leur religion leur prohibe certains mets, comme la laitue, le chou-fleur, parfois le poulet, et leur déconseille de porter du bleu.

Aujourd’hui, les jeunes portent des vêtements à l’occidentale, mais les anciens ont gardé leur habit traditionnel, large pantalon kurde, longue chemise au col échancré, tunique, et ceinture. Ils sont coiffés d’un haut bonnet de feutre marron entouré d’un turban. Les femmes vont de blanc vêtues, coiffées de turbans ou de fichus.

Les enfants sont amenés à Lalish, entre 6 mois et un an, aspergés d’eau de la source blanche sur le front, par le Cheikh ou le Pir, et baptisés. La circoncision est répandue, mais elle n’est pas exigée.

Les morts sont enterrés à proximité de leur village, dans des tombes coniques, immédiatement après leur décès.

Une histoire tragique

Au cours de l’histoire, les villages yézidis subirent les pires atrocités. Au milieu du XIIIeme siècle, des princes locaux, comme Badr al-Din Lulu, émir de Mossoul, dévastèrent le Cheikhan, massacrèrent un grand nombre d’adeptes de Cheikh Adi, mirent le feu au tombeau du saint et brûlèrent les ossements. Le tombeau fut reconstruit.

Les Ottomans, au milieu du XVIIeme siècle, envoyèrent à Cheikhan le Pacha de Van, Shamus Pacha avec des troupes, pour détruire le temple de Cheikh Adi et tuer le plus grand nombre de Yézidis.

En 1708, il y eut une rébellion des Yézidis contre l’Empire ottoman dans le Djebel Sindjar massif montagneux situé à l’ouest de Mossoul. L’émir de Bagdad, nommé Hassan Pacha, reçut l’ordre d’aller écraser les révoltés. La répression fut terrible.

Les Pachas de Bagdad et de Mossoul laissèrent souvent leurs troupes supplétives malmener les malheureux Yézidis.

À la fin du XIXeme siècle, Omar Wabi Pacha, inspecteur général de l’Irak, expédia une armée redoutable pour décimer les Yézidis et abolir leur religion.

En 1892, Qoriakos Paulus Daniel, l’évêque syriaque originaire de Bagdad, signala dans sa chronique que le gouverneur de Mossoul, Omar Fami Pacha, avait mené une terrible campagne contre les Yézidis.
Ce pacha fit venir 70 personnalités, les poussa à l’apostasie. Une partie du groupe accepta, l’autre refusa et fut persécutée. Quatre personnes moururent piétinées sur le champ. Le 20 août, Omar Fami Pacha fit chercher à Baadre, Bashika, Bahzane, les Sindjaks, symboles religieux des Yézidis, il les profana et les détruisit. Un an après, en 1893, il envoya 7 corps d’armée pour détruire les Yézidis du Sindjar.

À partir de 1915, en pleine guerre mondiale, les Yézidis protégèrent les chrétiens arméniens poursuivis par les Turcs et les Assyro-Chaldéens-Syriaques, qui se réfugièrent dans le Djebel Sindjar. Ils en accueillirent environ trente mille, jusqu’en 1918.

En février 1918, ils refusèrent de livrer les persécutés, les défendirent contre les Turcs qui avaient envoyé des contingents dans le Sindjar. Ils menèrent de durs combats, mais, inférieurs en effectifs, mal armés, ils furent battus près de Balad. Ils se réfugièrent dans les montagnes avec les chrétiens.

Délivrés par les Anglais du joug ottoman, ils acceptèrent de reconnaître comme leur chef Hemo Soro, choisi par leurs libérateurs.

En 1933, les Yézidis du Sindjar n’optèrent pas pour la Syrie, mais pour l’Irak indépendant. En 1934, se posa le problème du service militaire, dont ils étaient dispensés par un firman depuis 1849. Ils demandèrent à Bagdad, non l’exemption du service militaire, mais la constitution d’une unité spéciale yézidie. Le gouvernement irakien, désireux d’unifier le pays, d’assimiler peuples et communautés en un seul peuple, une seule religion, l’islam sunnite, refusa net. Il y eut une révolte contre le régime de Bagdad à Sindjar et dans le territoire habité par les Yézidis. Cette révolte, menée sous la direction de Daoude Daoud, Cheikh yézidi du Mihirkam, fut partiellement suivie par les autres tribus. Bagdad envoya pour des représailles le général Bakr Sidqi, avec une colonne. La répression fut sanglante dans tout le Sindjar, des villages incendiés, 2000 prisonniers déportés vers le sud. Deux notables chrétiens, qui avaient soutenu Daoude Daoud, furent pendus à Mossoul. Après plusieurs mois de combat, dans la nuit du 12 au 13 octobre, le chef Daoude Daoud fut défait, blessé, il s’enfuit en Syrie où il fut interné. En 1936, le gouvernement irakien décréta une amnistie ; les révoltés yézidis purent revenir chez eux. Daoude Daoud rentra en Irak, il fut conduit au village de Sanate, mon village natal, au nord du pays, et vécut en exil. Les Sanatiens l’accueillirent gentiment, pendant trois ans. Mon père, qui était alors gamin, me raconta que les garçons du village traçaient autour de lui des cercles enchantés, comme Enkidu autour de Gilgamesh, dans la célèbre et vieille épopée mésopotamienne.

Sous le régime de Saddam Hussein, les Yézidis souffrirent d’une politique d’arabisation. Souvent unis aux Peshmergas, combattants kurdes, ils luttèrent contre les troupes baassistes. Plusieurs villages yézidis furent encore détruits.

Depuis 1991, et en 2003, la chute de Saddam Hussein, le Gouvernement autonome du Kurdistan, reconnaît cette communauté digne et courageuse : elle refusa toujours de se laisser assimiler par le pouvoir et la société qui l’environnait. Il valorise la participation des Yésidis à la résistance kurde, contre l’oppression du régime de Bagdad. Il voit en eux une ethnie kurde, ayant cependant sa propre religion, ses coutumes.

Le droit des Yézidis de pratiquer leur culte est reconnu par la nouvelle Constitution irakienne et par la Constitution du Kurdistan fédéral. Ils sont représentés au parlement, ont deux ministres.

Malheureusement aujourd’hui, des groupes islamistes menacent les villages yézidis, les font vivre dans la crainte de nouveau.


La fin du voyage

L’heure était venue pour Cheikh Khairy, pour mon frère et moi de quitter cet endroit beau, unique, inoubliable, où reposait le grand Cheikh Adi. L’on y respirait une atmosphère limpide qui touchait le cœur, elle venait de la foi des Yésidis, des flèches blanches, cannelées du sanctuaire, de l’eau sacrée, de la luxuriante et paisible vallée, de la beauté primitive des montagnes, des arbres et des fleurs.

En chemin, nous nous arrêtâmes, descendîmes de voiture, pour nous dire adieu. Cheikh Khairy nous offrit deux kilos de figues sèches du Sindjar, puis il nous embrassa, avant de remonter en voiture et de se diriger vers Dohuk. Quant à nous, nous regagnâmes Erbil.

Le lendemain, je pris l’avion pour Cologne, en Allemagne. Par le plus pur hasard, le professeur Khalil Jindi se trouvait dans le même avion, accompagné du sous-préfet de Cheikhan. À l’aéroport de Cologne, une délégation de Yézidis vint les accueillir avec beaucoup de joie.

Ce fut réellement l’un des plus intéressants voyages de ma vie.

lundi 25 octobre 2010

My Visit to the Yazidis in the North of Iraq


In September 2006, I went on a journey into Iraq, to take part in an international congress on Kurdology, organised from Wednesday 6 September to Saturday 9 September, by the Kurdish Federal Government and the Kurdish Institute of Paris. I gave a lecture on two brilliant Kurdish dynasties, the Marwanides and the Ayubides, as seen by the Syriac Chroniclers.

At the time of the congress, three lectures were given on the Yazidis, their religion and culture. A lecture particularly attracted my attention was that of a Yazidi professor, Khalil Jindi, who lives in Germany. The article talked about the Yazidi intellectuals who rediscover their culture and history. They do not want to leave any more the responsibility of writing about their own culture and history to non-Yazidi people, who had sometimes written about them in dubious texts. So the Yazidi intellectuals now write their own books and articles, which convey to readers, more genuinely and authentically, credible accounts of the history of Yazidism.

The origins of Yazidism are very ancient, mainly shrouded in the Middle East. The word Yazidi could be derived from the old Iranian word “Ezid” or “Yezdan”, meaning God, or “Yazata”, meaning to be worthy of veneration, like a divine being.

Yazidis are approximately estimated today at about 500,000 individuals.

Most of Yazidis live in North Mesopotamia, mainly around the City of Mosul. They speak Northern Kurdish, with the exception of the villages of Bashika and Bahazane population who mainly speak a variety of the Arabic language.

Yazidi communities live in Turkey, Syria, Iran, Georgia, Armenia, and Europe.


The visit to the Cultural Centre of Dohouk

I had had a keen desire to visit the high places of Yazidis in Iraqi Kurdistan. At the end of September 2006 the opportunity came to me along with my brother Brikha. At first we went to Zakho City, which is about 120 kilometres north of Mosul, not far from the Turkish/Iraqi borders. We then went to the Sipan Hotel which belonged to Sheikh Khairy, who is a religious chief Yazidi, descended from the great tribe of Haweri. I met with Sheikh Khairy and his elder brother Shamo. They are very good friends of my family.

I expected to see an old sheikh with a long beard and a turban on the head. I was rather pleasantly surprised to see a good-looking and dynamic young man, about forty years old, with clear chestnut hair and white complexion. He was well dressed in the costume of an Occidental, modern man.

We had a very interesting conversation before we were taken by two cars to the Yazidi Arts Centre in Dohuk. The city of Duhouk is located about one hundred kilometres away from Zakho, between the mountain chains of Bekher and Shndokha. When we arrived in the Cultural Centre, we were welcomed on the threshold by the director, Said Sallo and his team. They welcomed us warmly, kissing Sheikh Khairy, and shaking hands with us. We were taken to visit the gallery-museum which was decorated with photos evoking the great political and religious events concerning the Yazidis.

Then we went to see the library which was contained a lot of books, journals and reviews. The director Said Sallo showed me with pride a cultural illustrated quarterly magazine. The issue number 24 of May 2006 is entitled Lalish and written in Kurdish, Arabic, and English. I studied it attentively and admired it as a really good and well-presented cultural magazine.

I was shown another semi monthly newspaper, the voice of Lalish, which gave news on the religious and cultural activities of the Yazidi people.

The director spoke to me about the numerous projects of the Centre. One of their regular activities is the organisation of artistic displays and exhibitions, and also lectures on the relationship of the Yazidi community with people from other communities and faiths like the Christians, Moslems.

One publication contained the calendar of the religious and civil year of Yazidis. The centre received numerous delegations from Armenia, Caucasian Republics and Europe.

I was told that the Centre was an active place of study and research for students and researchers, which are really pleasing, considering the circumstances the area had gone through during the past decade or so.

Then the man in charge of Information Technology arrived. He told us about the new website entitled ‘www.lalishduhok.org’, which had been just inaugurated officially. We were told that the website would be used as a channel for news about the Yazidis and their friends nationally and internationally. This showed how the advanced status and support the Centre seemed to have.

After completing the visit to the Centre we rested in the office of the Director Said Sallo. We were offered hospitality and welcome all throughout the visit. We had long discussions about the friendly and cordial relations that had always existed between the Yazidis and the Assyrian-Chaldean-Syriac people, the two minority groups that had dwelt in the north of Iraq since Ancient Times.

Modernisation

The successive governments of Iraq, anxious to unify their country, often adopted an aggressive attitude as regards the Yazidi people. At times there was even continuous persecution, which resulted in mistrust and misunderstandings. The Yazidis resisted, trying desperately to keep their faith and traditions. There was poverty all around the various communities which resulted in ignorance and lack of education. However, people started to understand that, in order to survive, it was necessary to be modernised and to catch up with the age of knowledge and advancement. In 1933 primary schools were opened in Sindjar and Cheikhan, but were closed in 1934-1935 by the rulers of Baghdad at the time of the revolt of the Yazidi tribes against the military service. The schools reopened in 1936, after the end of the rebellion.
About 1960, the Yazidi families started to encourage their children to pursue studies at universities and higher education institutions. Unfortunately however, during the Baathist dictatorship and the regime of Saddam Hussein, it was not possible for their young people to continue their higher education. In 1991, after the Gulf War, the three departments of the North of Kurdistan, Dohuk, Erbil and Sulemaniya came under the protection of the Americans. The Kurds, regarding Yazidis as other Kurds, gave them the possibility of practising freely their religion and of promoting their heritage and their culture. For the first time in their history, the Yazidis managed to create their own Cultural Centre in Dohouk, adding to their identity an element of education and modernisation that was denied them for ages under past repressive regimes.

After 2003, and after the fall of the regime of Saddam Hussein, in order to give an impulse to the Yazidi people, ten cultural centres were created in the cities and villages of Kurdistan, in Baadri, Sindjar, Cheikhan, Barshika and many others. They all have libraries, rooms of lectures and other facilities.


Fifty years after, the trip to Sheikh Adi’s tomb

Sheikh Khairy, my brother and me, left Dohouk and the Centre in the cars we had come by to go this time to Lalish, thirty-six miles northeast of Mosul. Lalish is surrounded by high mountains. It is a major religious and symbolic centre of worship and pilgrimage as it contains the famous tomb of the famous Sheikh Adi ibn Mustafa

According to scholars, this famous mystic lived in the early twelfth century. He had travelled to Baghdad to study Theology. He had then retired to the valley of Lalish. He lived a monastic kind of life, away from society, lost in thoughts and spirituals meditations. He had attracted many followers and disciples. A community grew up around him. He died in 1162, but his influence did not cease growing. His tomb became a focal point of Yazidi faith and important place of pilgrimage.

We drove at a speed, crossed the city of Cheikhan, a sub-prefecture inhabited by a majority of Yazidis. We saw a church, a mosque, and a white, fluted temple. The three religions, Christian, Moslem, and Yazidi lived together in peace.

A few kilometres further we arrived in a narrow, luxuriant and beautiful valley, which had many fig , pomegranates and mulberry trees. An ancient temple, dedicated to Sheikh Adi was surmounted by two white, large cones, and stood out against the mountain planted with oaks and shrubs. We crossed a gate, drew up and parked the cars in a forecourt bordered with nice buildings.

Members of the Yazidi clergy, capped with turbans and dressed in tunics and white trousers, respectfully came to kiss Sheikh Khairy and to greet us. All of us must go in barefoot, as a sign of respect. A young boy approached us, asking us to take off our shoes.



We went into a second courtyard, where there was a temple. Above the door, we saw two carved peacocks, and, on the right side, a black snake, two meters high, carved on the wall. There were many old symbols, suns, moons, stars, crooks, flowers, decorating the stones.

Childhood memories came to me. It was coming back to me that fifty years ago I had come to this temple with my teachers and my school friends. I had been a student in a secondary school in Mosul.

The temple had been completely restored. New constructions rose. I heard the voice of Sheikh Khairy who asked me to take care never to step on the sacred threshold stone, because only Sheik Adi had had the right to step there.

We stepped barefoot into a vast gallery of 30 meters out of 12, decorated with lamps and crossed by a colonnade of seven arcades. A delicious freshness reigned there. Around the columns, pilgrims had bound red, green, mauve fabrics, and they had tied bows for the realisation of theirs wishes.

Another part of the temple contained tens of oil earthenware jars, of all sizes. A small lamp shone by releasing a light smoke. Its flame would never die out. Smaller rooms sheltered the cenotaphs of old sheikhs.

We were led to a wide chamber into the Holy of Holies, the lofty tomb of Sheikh Adi, a lofty sarcophagus concealed behind a pink, tasselled cloth. Sheikh Khairy kissed the sarcophagus and asked us to turn with him five times around. We seized the tassels, the fringes and made a wish. I wished peace and prosperity to Federal Kurdistan. We returned towards the doorway and we stuck our back to the wall of a niche, making a more individual wish.

Then, we went down to a narrow staircase and arrived in a small room. In the centre there was a basin, supplied with a source which flowed from the mountain. The pilgrims who came there splashed themselves with holy water.

We went out into the warmer air. In the sunlit courtyard we met other Yazidis, dressed up with white tunics, trousers, or in Kurdish costumes. They invited us to a copious repast of mutton stew, rice, cucumbers, tomatoes, and cheeses. All the men stood barefooted and ate, in front of trestles furnished with these foods.

On the wall, a large, multicoloured peacock, drawn a few years before by a Yazidi painter, fanned its tail, picture of Tawûsê Melek, the most powerful and noble of the angels. I thought that the peacock, in many traditions was a solar symbol, a symbol of beauty, peace, prosperity and immortality; its tail, fanned out, symbolise the cosmic deployment of Spirit. (In the beautiful picture of the Flemish painter Rogier Van der Weyden (1399-1464), The Last Judgement, Michael, the chief of the Angels, has his wings covered with peacock’s feathers).

The Peacock-Angel, the pearl and the illumination

Tea was brought, and I asked a question to a sheikh with a sallow face.

• ‘Can you tell me how many folds there are on the cones of the temple?’
• ‘Twenty-four’, he said to me slowly. ‘Corresponding to the twenty-four hours of the day. As for the cone, it symbolized the earth touching the sky’.
• ‘What can you tell me about your religion?’, I asked.

He tried to answer all my questions with enthusiasm. Here is a summary of the Yazidi Doctrine, as I gathered from his answers :

The Yazidi Faith is a monotheist, syncretistic cryptic religion, which mixes apparently Sufi influence with many points of ancient Mesopotamian and Iranian religions. The Yazidis believe in the goodness and unity of God. They have two Holy books, Mishefa Resh (Black Book) and Kitba Cilwe (Book of the Illumination).

The account of the Creation, according to Mishefa Resh, differs from that of the Christians and the Moslems.

In the Yazidi view, God created in seven days seven angels, and then He formed the world as a pure, white, invaluable pearl. The pearl is a symbol of illumination. It remained thus during forty thousand years. God broke the pearl, whose pieces formed the sky, the earth, the sea, and paradise. He created the animals and the plants. He built the body of Adam with dust, blew on him, and called him into existence from his own breath.

Other accounts tell that God created Tawûsê Melek from an illumination, and later on, the angels. He ordered to Tawûsê Melek and the angels to bring dust from the earth, water, and fire and to build the body of Adam. He gave life to him.

God asked the angels to bow to Adam. All obeyed except Tawûsê Melek. God inquired on his refusal. The angel replied that he worshipped only God. He paid homage only to the Single One. He said that Adam was made of dust, while he, Tawûsê Melek, was born from an illumination of God.

So, God had tested him. Now, He praised Tawûsê Melek made him the leader of the angels and His representative on the face of the earth.

Two principles ruled on Yazidi religion: the purity and belief in metempsychosis. The Seven Holy Angels are periodically reincarnated in human forms.

Moslems blame Yazidis for not being a “People of the Book”, like Jews and Christians who, according to the Quran, the Holy Book of Islam, had the official status of Dhimmis. In the past, sometimes, they could not establish relationships with the Yazidis and were intolerant of them.

Yazidi communities have nothing to do with satanic sects, nor with their rituals. The black snake on the door of the temple is not a symbol of evil but of slough regeneration. Tawûsê Melek is not a fallen angel or a source of evil. It is a demiurge, born from an illumination of God, and the creator of material world, according to several accounts.

Yazidis think that good and evil are in the mind and the heart of the human beings. It rests with them to choose the good. The devotion towards Tawûsê Melek, the powerful, wise, majestic Peacock Angel, can guide them. God having given him the choice between good and evil, he chose the good.

The angel, who lives beyond the stars, has a sublime nature; he knows in a light which is above time, eternal. He is the auxiliary of God. He plays a role of illumination and protection to the humans.

Every angel is terrible, wrote the Austrian poet Rainer Maria Rilke (1875-1926), in his famous Elegies. Tawûsê Melek allocates blessings and misfortunes as he wants; it is unseemly to question him. He has a great influence on the world and makes it go.

A hierarchical society

Yazidi society is well organised. At the top there is a hereditary Emir, who is a secular leader. Then come the religious chiefs, the sheikhs; below them are the pirs, religious delegates; the qawals, reciters, who hand on orally all the secrets of their religion to other generations; the faqirs, ascetics dressed in brown tunics, who look after the tomb of Sheikh Adi; and the murids, the disciples.


Each Yazidi tribe keeps the hierarchy and obeys the great Emir of Cheikhan. Yazidis are forbidden to marry outside their cult.

Festivals

The festival of New Year’s Day celebrates the creation of the world. It begins the first Wednesday of Nisan (March, April), according to Julian calendar, with music (drums), dances, meals, and decorated eggs. Yazidis drink alcohol, which is not prohibited. They believe that Tawûsê Melek comes down to the earth on this day. (God creates him on this day).

Another festival is the Feast of the Assembly, Cejna Cemaiya. It is celebrated to commemorate the death of Sheikh Adi in 1162. It lasts seven days. The pilgrims light hundreds of lamps on the tombs of Sheikh Adi and others saints. They celebrate the next arrival of autumn, from 23 rd of Elul to I st of Tishrei (September).

An important festival is the Tawûsgeran (circulation of the Peacock). The qawals visit the Yazidi villages with drums; they bring the Senjaq, sacred images representing the Peacock and associated with Tawûsê Melek.

Yazidis venerate the Senjaq, preach sermons and distribute holy water. They collect taxes which would be used for maintenance of the tombs of Sheikh Adi and other saints.

In Vienna in Austria, a splendid brass or bronze symbol representing the Peacock Angel is exhibited.


Practices

Yazidis principally have two daily prayers, Dawn prayer, when they pray to the sun that they venerate, and Noon prayer, when they face towards Lalish.

They honour trees and streams. It is forbidden to spit on the holy elements, water, fire and earth.

Wednesday is the Yazidi holy day, but the day of rest remains Saturday. They observe two periods of 40 days fast, in winter and summer. They fast one Wednesday in February, and the following day begins the Festival of Khidir Allias.

Yazidi traditions proclaim that they descend from Adam.

They are forbidden to marry outside their cult and they remain dominantly monogamous, but chiefs may have more than one wife.

Children are brought to Lalish to be baptised in clean cisterns. Circumcision is not required. The dead are buried near their village, in conical tombs.

The Yazidi religion prohibits the eating of lettuce, cauliflower and chicken, and sometimes of the wearing a blue colour.

Today, young people wear western clothes, but the old ones keep on their traditional dresses, Kurdish trousers, long shirts, tunics, girdles. They wear brown felt caps surrounded by a turban. The women are dressed in white, capped with a turban.

A tragic history

During the centuries Yazidi villages were regularly devastated. In the middle of the XIII century, local princes, as Badr al-Din Lulu, The Emir of Mosul, devastated Cheikhan, massacred a lot of Yazidis, set fire to the tomb and burned the bones of Sheikh Adi. The tomb was built again afterwards.

The Ottomans, in the middle of the XVII century, sent to Cheikhan the pasha of Van, Shamus Pasha, with troops to destroy the temple of Sheikh Adi and kill a great number of Yazidis.

In 1708, there was a rebellion of the Yazidis against the Ottoman Empire in Jabal Sindjar, a mountain located at the west of Mosul. The Emir of Baghdad, named Hassan Pasha, suppressed the revolt.

In 1832, Bedir Xan Beg, the Emir of Bothan, invaded Cheikhan with troops, seized their prince, Eli Beg, led him to Rawanduz and cruelly put him to death. Many villages were devastated; men, women, children tried to flee but were slaughtered.

The pashas of Baghdad and Mosul often left their suppletive troops maltreat the Yazidi communities. At the end of XIX century, Omar Wali Pasha, the general inspector of Iraq, dispatched an army to decimate the Yazidis, and to abolish their religion.

In his Memoirs, Qoriakos Paulus Daniel, the Syriac bishop, who was native of Baghdad, wrote that in the year 1892, Omar Fami Pasha, the Governor of Mosul, had fought a terrible campaign against the Yazidi communities. The pasha seized 70 important persons and forced them into apostate. A part of the group accepted to do it; another part refused to do it. At once, 4 men were trampled to death. In August, in Baadri, Barshika, Bahzane, Omar Fami Pasha seized the Senjaq, sacred image of the Yazidi, and he profaned, destroyed the image. In 1893, he sent 7 army corps to destroy the Yazidis of Sindjar (in The Memoirs of the Bishop Qoriakos Paulus Daniel, from 1831 to 1916, published by Suhail Kacha, Beirut, Lebanon).

Since 1915, during the First World War, Yazidis protected the Armenians and the Assyro-Chaldean-Syriacs, who took refuge in Jabal Sindjar, after being pursued by the Turks. They received approximately thirty thousand of them, until 1918. In February 1918, the Turks sent troops to Sindjar. The Yazidis refused to hand over the Christians to the Turks and they even carried out hard combats to defend them. Being inferiors in number and badly armed, they were beaten near Balad. They took refuge in the mountains with the Christians. Delivered by the English army of the Ottoman yoke, they agreed to recognise their chief Homo Soro, appointed by their liberators.

In 1933, the Yazidis of Sindjar did not choose Syria, but they joined independent Iraq.

The next year there was the problem of military service, of which they had been exempted by a decree since 1849. They asked the rulers of Baghdad to carry on with the exemption, but the government wanted to unify the country as only one people, one religion, Islam, and refused the exemption. There was a revolt in Sindjar and in the territories inhabited by the Yazidis. This revolt, carried out by Daoude Daoud, the Yazidi sheikh of Mihirkam, was followed by others tribes. Baghdad sent the general Bakr Sidqi at the head of a military brigade. The repression was bloody in all Sindjar, many villages were burnt down and 2000 prisoners were deported in the South. Three Christian notables who had supported Daoude Daoud were hung in Mosul. After several months of combat, in October, Daoude Daoud was defeated, wounded, he fled to Syria where he was interned.

In 1936, Daoud Daoud came back to Iraq; he was led to the village of Sanat, my native village, in the North, and lived in exile for three years. The Sanatis nicely welcomed him. My father, who was a child, told me that the boys of the village traced around him enchanted circles, like Enkidu around Gilgamesh, the hero of the old and famous Mesopotamian Epic.

Under the Baathist regime the Yazidis suffered from the politics of arabisation, but they could not be assimilated. They often fought against Baathist troops, with the Peschmergas, the Kurdish combatants; several Yazidi villages were destroyed.

Since 2003, the fall of Saddam Hussein, and the occupation of Iraq by the Americans, the Kurds wanted the Yazidis to be recognized as ethnic Kurds.

The right of the Yazidis to practise their religion is recognised by the new Constitution of Iraq and by the Constitution of Federal Kurdistan. They have two ministers at the Federal Parliament of Kurdistan.

Unfortunately, today, Islamic groups threaten the Yazidi villages.


End of the trip

Sheikh Khairy, my brother and me, left this unforgettable place which had an atmosphere that touched upon us. It comes from the spirit of the faith, from the white, fluted spires of the Yazidi shrine, from the holy water, from the lush, peaceful valley, from the primitive beauty of the mountains, of the trees and flowers.

We had to say good bye at last; Sheikh Khairy offered us dry figs of Sindjar, and kissed us, before taking the road out of Dohuk.

We returned to Erbil. The following day, I took the airplane back to Cologne in Germany. I was lucky to find out that Professor Khalil Jindi was on the same airplane with me, accompanied by the sub-prefect of Cheikhan. At the airport of Cologne, a delegation of Yazidis came to welcome them with much joy. It was really one of the best trips of my life.