الفيلسوف مار بن سرابيون
Assyro-Chaldéens
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Assyro-Chaldéens
Voici ce que pense le grand savant français Ernest Renan
(1823-1892) du comportement passif des chrétiens d’Orient. Il a vécu des années
en Orient :
Ernest Renan
« Pour avoir été trop
conséquent, l’Orient chrétien a perdu toute valeur militaire. L’islam en a
profité, et a donné au monde le triste spectacle de cet éternel chrétien
d’Orient, partout le même malgré la différence des races, toujours battu,
toujours massacré, incapable de regarder en face un homme de guerre, offrant
perpétuellement son cou au sabre, victime peu intéressante, car elle ne se
révolte pas, et ne sait pas tenir une arme, même quand on la lui met dans la
main. »
Histoire des origines du christianisme, Marc Aurèle, tome 2, éd. Robert Laffont, collection
Bouquins, 1995, p. 1042.
***************
Le colonel Brémond est nommé le
25 décembre 1918 par le gouvernement français administrateur en chef de
l’Arménie, terme qui sous-entend la Syrie et la Cilicie.
Selon lui, les Chaldéens, et les
Assyriens, descendants des anciens peuples de Babylone et de Ninive, sont des
races rustiques, travailleuses et braves. Ils n’ont qu’une seule ambition
politique : vivre en sécurité.
(Cité par O.G. Ekindjian dans
« La France et les chrétiens des territoires de l’est de l’empire
ottoman. Le temps des reniements, 1919-1923. », chapitre troisième ,
1.
Colonel Brémond, ( op.cit., p.
20, 72-75)
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TRAITÉ
Empire britannique, France, Italie,
Japon, Arménie, Belgique, Grèce, Hedjaz, Pologne, Portugal, Roumanie, État
serbe-croate-slovène, Tchécoslovaquie, Turquie
Traité de paix, signé à Sèvres, le 10 août 1920
Publication
officielle
L'Empire britannique, la France, l'Italie et le
Japon,
Puissances désignées dans le présent traité comme
les principales puissances alliées;
L'Arménie, la Belgique, la Grèce, le Hedjaz, la
Pologne, le Portugal, la Roumanie, l'État serbe-croate-slovène et la
Tchécoslovaquie,
Constituant avec les principales puissances
ci-dessus les Puissances alliées,
d'une part;
Et la Turquie, d'autre part;
SECTION
III
Kurdistan
Article 62
Une commission siégeant à Constantinople, et
composée de trois membres respectivement nommés par les gouvernements
britannique, français et italien, préparera, dans les six mois à dater de la
mise en vigueur du présent traité, l'autonomie locale pour les régions, où
domine l'élément kurde, situées à l'est de l'Euphrate, au sud de la frontière
méridionale de l'Arménie, telle qu'elle pourra être déterminée
ultérieurement, et au nord de la frontière de la Turquie avec la Syrie et la
Mésopotamie, conformément à la description donnée à l'article 27, II-2e et 3e. À défaut d'accord unanime sur quelque question, celle-ci sera référée
par les membres de la Commission à leurs gouvernements respectifs. Ce plan
devra comporter des garanties complètes pour la protection des Assyro-Chaldéens et autres
minorités ethniques ou religieuses dans l'intérieur de ces régions et, dans
ce but, une commission comprenant des représentants britannique, français,
italien, persan et kurde visitera les lieux pour examiner et décider quelles
rectifications, s'il y a lieu, devraient être faites à la frontière de la
Turquie là où, en vertu des dispositions du présent traité, cette frontière
coïncide avec celle de la Perse.
Article 64
1) Si dans le délai d'un an à
dater de la mise en vigueur du présent traité, la population kurde dans les
régions visées à l’article 62, s'adresse au Conseil de la Société des Nations
en démontrant qu'une majorité de la population de ces régions désire être
indépendante de la Turquie, et si le Conseil estime alors que cette
population est capable de cette indépendance, et s'il recommande de la lui
accorder, la Turquie s’engage, dès à présent, à se conformer à cette
recommandation et à renoncer à tous droits et titres sur ces régions.
2) Les
détails de cette renonciation seront l'objet d'une convention spéciale entre
les principales puissances alliées et la Turquie.
3) Si
ladite renonciation a lieu et lorsqu'elle aura lieu, aucune objection ne sera
élevée par les principales puissances alliées à l'encontre de l'adhésion
volontaire à cet État kurde indépendant, des Kurdes habitant la partie du
Kurdistan comprise jusqu'à présent dans le vilayet de Mossoul.
Article 85
1) La
Grèce accepte, en agréant l'insertion dans un traité particulier, les
dispositions qui seront jugées nécessaires, notamment en ce qui concerne
Andrinople, pour protéger en Grèce, les intérêts des habitants qui diffèrent
de la majorité de la population par la race, la langue ou la religion.
2) La
Grèce agrée également l'insertion dans un traité particulier des dispositions
qui seront jugées nécessaires pour protéger la liberté du transit et un
régime équitable pour le commerce des autres nations.
PARTIE
IV
Protection
des minorités
Article 140
La Turquie s'engage à ce que les stipulations
contenues dans les articles 141, 145 et 147 soient reconnues comme lois
fondamentales, à ce qu'aucune loi ni aucun règlement, civils ou militaires,
aucun iradé impérial ni aucune action officielle ne soient en contradiction
ou en opposition avec ces stipulations, et à ce qu'aucune loi, aucun règlement,
aucun iradé impérial ou aucune action officielle ne prévalent contre elles.
Article 141
1) La
Turquie s'engage à accorder à tous les habitants de la Turquie pleine et
entière protection de leur vie et de leur liberté sans distinction de
naissance, de nationalité, de langage, de race ou de religion.
2) Tous les
habitants de la Turquie auront droit au libre exercice, tant public que
privé, de toute foi, religion ou croyance.
3) Les atteintes
au libre exercice du droit prévu à l'article précédent, seront punies des
mêmes peines, quel que soit le culte intéressé.
Article 142
1) Considérant
qu'en raison du régime terroriste ayant existé en Turquie depuis le 1er novembre 1914, les conversions à
l'islamisme n'ont pu avoir lieu normalement, aucune conversion ayant eu lieu
depuis cette date n'est reconnue et toute personne non musulmane avant le 1er novembre 1914, sera considérée comme
restée telle, à moins qu'après avoir recouvré sa liberté, elle ne remplisse,
de sa propre volonté, les formalités nécessaires pour embrasser l'islamisme.
2) Afin de
réparer dans la plus large mesure les torts portés aux personnes au cours des
massacres perpétrés en Turquie pendant la durée de la guerre, le Gouvernement
ottoman s’engage à donner tout son appui et celui des autorités ottomanes à
la recherche et la délivrance de toutes les personnes, de toute race et de
toute religion, disparues, ravies, séquestrées ou réduites en captivité
depuis le 1 er novembre 1914.
3) Il s’engage à faciliter l’action des commissions mixtes nommées par le Conseil de la Société des Nations à l’effet de recevoir les plaintes des victimes elles-mêmes, leurs familles et leurs proches, de faire les enquêtes nécessaires et de prononcer souverainement la mise en liberté des personnes en question.
4) Le Gouvernement
ottoman s’engage à faire respecter les décisions de ces commissions, et à
assurer la sûreté et la liberté des personnes ainsi restituées dans la
plénitude de leurs droits.
Article 143
1) La Turquie
s’engage à reconnaître les dispositions que les Puissances alliés jugeront
opportunes relativement à l'émigration réciproque et volontaire des individus
appartenant aux minorités ethniques.
2) La Turquie s’engage à ne pas se prévaloir de l’article 16 de la Convention entre la Grèce et la Bulgarie relative à l'émigration réciproque, signée à Neuilly-sur-Seine le 27 novembre, 1919. Dans les six mois qui suivront la mise en vigueur du présent Traité, la Grèce et la Turquie établiront un accord spécial visant à l'émigration réciproque et spontanée des populations de race turque et grecque des territoires transférés à la Grèce ou restant ottomans, respectivement. 3) Dans le cas où l’accord ne pourrait s’établir, la Grèce et la Turquie auront le droit de s’adresser au Conseil de la Société des Nations, qui fixera les conditions dudit accord. Article 145 1) Tous les ressortissants ottomans seront égaux devant la loi et jouiront des mêmes droits civils et politiques sans distinction de race, de langue ou de religion. La différence de religion, le croyance ou de confession ne devra nuire à aucun ressortissant ottoman en ce qui concerne la jouissance des droits civils ou politiques, notamment pour l'admission aux emplois publics, fonctions et honneurs ou l'exercice des différentes professions et industries. 2) Le Gouvernement ottoman présentera aux Puissances alliés dans un délai de deux ans après la mise en vigueur du présent Traité, un projet d'organisation du système électoral, basé sur le principe de la représentation proportionnelle de minorités ethniques. 3) Il ne sera édicté aucune restriction contre le libre usage par tout ressortissant ottoman d'une langue quelconque soit dans les relations privées ou de commerce, soit en matière de religion, de presse, ou de publications de toute nature, soit dans les réunions publiques. Des facilités appropriées seront données aux ressortissants ottomans de langue autre que le turc pour l’usage de leur langue soit oralement, soit par écrit, devant les tribunaux. Article 147 Les ressortissants ottomans appartenant à des minorités ethniques, de religion ou de langue, jouiront du même traitement et des mêmes garanties en droit et en fait que les autres ressortissants ottomans. Il auront notamment un droit égal à créer, diriger et contrôler à leurs frais, indépendamment et sans aucune ingérence des autorités ottomanes, toutes institutions charitables, religieuses ou sociales, toutes écoles primaires, secondaires, et d’instruction supérieure, et tous autres établissements scolaires, avec le droit d’y faire librement usage de leur propre langue et d’y exercer librement leur religion. Article 148 1) Dans les villes ou régions, ou existe une proportion considérable de ressortissants ottomans appartenant à des minorités ethniques, de langue ou de religion, ces minorités se verront assurer une part équitable dans le bénéfice et l'affectation des sommes qui pourraient être attribuées sur les fonds publics par le budget de l’État, les budgets municipaux ou autres, dans un but d'éducation ou de bienfaisance. 2) Les fonds en question seront versés aux représentants qualifiés des communautés intéressées. Article 149 1) Le Gouvernement ottoman s'engage à reconnaître et à respecter l'autonomie ecclésiastique et scolaire toute minorité ethniques en Turquie. À cette fin et sous réserve des dispositions contraires du présent Traité, le Gouvernement ottoman confirme et soutiendra à l'avenir, dans toute leur étendue, les prérogatives et immunités d'ordre religieux, scolaire ou judiciaire, accordées par les Sultans aux races non musulmanes en vertu d'ordonnances spéciales ou de décrets impériaux (firmans, hattis, berats, etc.), ainsi que par des ordres ministériels ou ordres du Grand-Vizir. 2) Tous décrets, lois, règlements et circulaires émanant du Gouvernement ottoman, et comportant des abrogations, restrictions ou amendements desdites prérogatives et immunités, seront considérés à cet égard comme nuls et non avenus. 3) Toute modification du régime judiciaire ottoman introduite en conformité des dispositions du présent traité, sera considérée comme l'emportant sur les stipulations du présent article, en tant que cette modification affectera les individus appartenant à des minorités ethniques. Article 150 Dans les villes ou régions, ou réside une proportion considérable de ressortissants ottomans de religion chrétienne ou juive, le Gouvernement ottoman s'engage à ce que ces ressortissants ottomans ne soient pas astreints à accomplir un acte quelconque constituant une violation de leur foi ou de leurs pratiques religieuses, ni frappés d'aucune incapacité s'ils refusent de comparaître devant les tribunaux ou d'accomplir quelque acte légal le jour de leur repos hebdomadaire. Toutefois, cette disposition ne dispensera pas ces ressortissants ottomans, chrétiens ou juifs, des obligations imposées à tous autres ressortissants ottomans en vue du maintien de l'ordre public. |
J-C, ce texte est une des plus anciennes sources de la sagesse
humaine. Son influence se retrouve autant dans la bible, le Coran ou encore le
Talmud. Un texte araméen a été trouvé dans un manuscrit en papyrus. D'autres
versions existent en Arabe, en Arménien, en Éthiopien, en Géorgien, Roumain,
Turc ancien, Russe, en Syriaque. On pourra se reporter au livre de François
Nau, Histoire et Sagesse d’Ahikar l’Assyrien, Paris 1909, ou les différentes
versions sont comparées entre elles.
*********
Ahikar demande un fils:
A l’époque du roi Sennachérib , roi de Ninive , vivait un homme
sage appelé Ahikar . C’était un homme fortuné, habile, sage et expérimenté dans
la conduite des affaires du Royaume. C’était aussi le vizir et le conseiller du
roi. Ahikar avait épousé soixante femmes, et pour chacune d’entre-elles avait
construit un beau palais; vaste et merveilleux. Cependant, malgré toute sa
fortune, il n’avait pas d’enfants. Alors un jour, il rassembla les devins, les
mages et les sages ; cherchant auprès de ces illustres savants une
solution à son problème. Mais ils lui apprirent qu’il n’aurait jamais d’enfant
et lui conseillèrent d’aller demander l’aide des idoles.
Alors, il suivit leur conseil et se rendit au temple de la ville.
Là, il offrit des sacrifices et des présents aux idoles ; leur brûla de
l’encens et des aromates et les supplia de lui accorder un fils. Mais, les
idoles restèrent muettes comme des pierres et il quitta le temple rempli d'une
grande souffrance.
Il alla alors implorer le véritable Dieu et le supplia d’éteindre
le feu dans son cœur : « Ô Dieu du ciel et de la terre, Créateur de toutes
les créatures, je te demande de me donner un fils dans lequel je me complaise,
qui me console au moment de ma mort, me ferme les yeux et m'ensevelisse «
Une voix vint alors du ciel lui disant : « Puisque tu as
d’abord mis ta confiance dans les dieux, que tu as mis ton espoir en eux et que
tu leur as offert des sacrifices, tu mourras sans fils et sans filles.
Cependant, prends Nadan, le fils de ta sœur, prends-le et enseigne-lui toute ta
science et à ta mort, il t’ensevelira et te succédera».
Ahikar adopte Nadan
Alors Ahikar prit Nadan , qui était encore un nourrisson, et
l'élevât dans sa maison. Il le confia à huit nourrices et lui prodigua de
l'huile et du miel, le revêtit de pourpre et d'écarlate, et le fit dormir sur
des lits moelleux et des tapis de soie. Nadan profita de la fortune de son
oncle et grandit comme un noble cèdre du Liban. Et Ahikar lui enseigna les
bonnes manières, l'écriture, la science et la philosophie.
Lorsque le roi Sarhédom , fils de Sennachérib, revint de ses
voyages, il fit appeler Ahikar, son scribe et son conseiller, et lui dit:
- « Ô mon ami illustre, fidèle, sage et habile, mon secrétaire, mon vizir, mon chancelier; en vérité tu as vieilli et ta mort est proche. Dis-moi qui sera à mon service après toi ? »
- « Ô mon seigneur, lui répondit Ahikar, j'ai Nadan, le fils de ma sœur, qui est comme mon fils. Je lui ai enseigné toute ma sagesse et ma connaissance, et il est sage et prudent. »
- « Ô Ahikar! Amène-le en ma présence, que je puisse le voir et s'il me plaît, il me servira et se tiendra en ma présence. Quant à toi, prends ta retraite et ton fils te reposeras de ton travail et entourera ta vieillesse d'honneur et de gloire. »
- « Ô mon ami illustre, fidèle, sage et habile, mon secrétaire, mon vizir, mon chancelier; en vérité tu as vieilli et ta mort est proche. Dis-moi qui sera à mon service après toi ? »
- « Ô mon seigneur, lui répondit Ahikar, j'ai Nadan, le fils de ma sœur, qui est comme mon fils. Je lui ai enseigné toute ma sagesse et ma connaissance, et il est sage et prudent. »
- « Ô Ahikar! Amène-le en ma présence, que je puisse le voir et s'il me plaît, il me servira et se tiendra en ma présence. Quant à toi, prends ta retraite et ton fils te reposeras de ton travail et entourera ta vieillesse d'honneur et de gloire. »
Alors Ahikar prit Nadan et l'amenât devant le roi Sarhédom et le
remit entre ses mains. Quand le roi le vit, il se plut et se réjouit en lui et
dit à son vieux conseiller :
- « Je prie que Dieu préserve ton fils. Comme tu m'as servi ainsi que mon père Sennachérib, et comme tu as dirigé nos affaires en perfection, ainsi fera Nadan, fils de ta sœur.Il me servira, fera mes affaires, je l’honorerai et l’exalterai à cause de toi et j’en prendrai soin. »
- « Je prie que Dieu préserve ton fils. Comme tu m'as servi ainsi que mon père Sennachérib, et comme tu as dirigé nos affaires en perfection, ainsi fera Nadan, fils de ta sœur.Il me servira, fera mes affaires, je l’honorerai et l’exalterai à cause de toi et j’en prendrai soin. »
Ahikar enseigne sa sagesse à Nadan
Alors, le roi lui donna la main et jura de le garder auprès de lui
avec honneur et gloire. Alors, le vieux sage se leva et instruisit son fils
Nadan et lui transmit sa sagesse. Voici comment il lui parla:
- Ô mon fils Nadan, écoute mes paroles, suis mes conseils et
souviens-toi de mes discours, comme l'a dit le Seigneur.
- Oui, mon fils Nadan, si tu entends mes paroles, enfermes-les
dans ton cœur et ne les révèle pas à autrui, de crainte qu'une fournaise de feu
ne brûle ta langue et que tu ne causes de la douleur à ton corps et du mal à
ton intelligence, et que tu n'aies honte devant Dieu et devant les hommes.
- Ô mon fils, si tu entends une parole ne la révèle à personne et
ne dis rien de ce que tu vois.
- Ô mon fils, ne délie pas un nœud caché et ne scelle pas un nœud
délié.
- Ô mon fils, dirige ton sentier et ta parole, écoute et ne te
hâte pas de donner une réponse.
- Mon fils, ne désire pas la beauté du dehors, car la beauté
disparaît et passe, mais une bonne mémoire et un bon renom demeurent à jamais.
- Mon fils, si tu vois une femme parée de beaux habits et parfumée
d'agréables parfums et que son caractère soit abject, querelleur et impudent,
que ton cœur ne la désire pas. Quand même tu lui donnerais tout ce que tu as,
tu trouverais que cela ne tourne pas à ta gloire, mais tu irriterais Dieu et tu
le mettrais en colère contre toi.
- Mon fils, ne pèche pas avec la femme de ton prochain, de crainte
que d’autres ne pèchent avec ta femme.
- Mon fils, ne te hâte pas de répondre et ne mets pas de jactance
dans tes réponses et tes discours, comme l'amandier qui pousse des feuilles et
verdoie avant tous les arbres et ne donne ses fruits qu'après tous les autres ;
sois comme l'arbre agréable, admirable, doux et plein de saveur, comme le
figuier qui incline ses branches, verdoie et pousse des feuilles à la fin, bien
que son fruit soit mangé avant tout autre.
- Mon fils, incline ta tête, porte ta vue et regarde au bas et
prête ton attention. Sois instruit, soumis, réservé, tranquille. Ne sois pas
impudent et querelleur. N'élève pas ta voix avec jactance et tumulte, car s'il
suffisait d'une voix puissante pour construire une maison, l'âne en bâtirait
deux en un jour ; et si la charrue était dirigée par la force, le chameau
la conduirait au mieux.
- Mon fils, il vaut mieux transporter des pierres avec un homme
sage que de boire du vin avec l'insensé.
- Mon fils, verse ton vin et mêle-le sur le tombeau des justes.
- Mon fils, sois sage et bon, ne bois pas ton vin avec les femmes
querelleuses.
- Mon fils, ne sois pas impie avec le sage et ne sois pas sage
avec l’impie.
- Mon fils, joins-toi aux sages, aux hommes pieux, afin de leur ressembler ;
ne t'associe pas aux jeunes gens pour ne pas leur ressembler et ne pas suivre
leurs voies.
- Mon fils, si tu aimes un camarade, éprouve-le d'abord et ensuite
prends-le pour ami. Tant que tu n'as pas éprouvé un homme, ne le loue pas, mais
éprouve-le et ensuite fréquente-le.
- Mon fils, ne marche pas avec celui qui n’est pas sage et ne lui
dis rien, et ne mêle pas à l’assemblée des jeunes gens.
- Mon fils, marche nu-pieds sur les épines et les ronces et fraie
un chemin à tes enfants et aux enfants de tes enfants.
- Mon fils, chaque fois que le vent souffle dans l'air et que la
mer n'est pas agitée, conduis ta barque et ton navire au port, avant que la mer
ne s'agite et ne se mette en mouvement et ne multiplie ses flots et ses
tempêtes et ne submerge le navire.
- Mon fils, lorsqu'un riche mange des serpents, on dit qu'il les
mange pour se guérir et que cela lui est utile; si un pauvre en mange, on dit
qu'il en mange par faim; car c'est sous de nombreuses parures qu'on croit
trouver l'homme bon et juste.
- Mon fils, mange ta portion seulement et ne désire pas celle de
ton prochain.
- Mon fils, ne t’oublie pas avec l’insensé, n’aie pas commerce
avec celui qui n’est pas chaste.
- Mon fils, va dans ta prospérité au devant de ceux qui te
haïssent, compatis aux maux qui leur arrivent et plains-les. Ne te réjouis pas
au moment de leur chute.
- Mon fils, ne t’approche pas de la femme querelleuse et à la voix
altière, ne désire pas la beauté de la femme bavarde et impure, car la beauté
de la femme est cause de sa honte, et ce n’est rien que l’éclat de son vêtement
et la beauté extérieure avec lesquels elle te captive et te trompe.
- Mon fils, si ton adversaire vient au-devant de toi pour le mal,
va au-devant de lui pour le bien et reçois-le.
- Mon fils, si le sage est malade, le médecin peut le soigner et
le guérir, mais il n'y a pas de remède pour les souffrances et les blessures de
l'insensé.
- Mon fils, reçois chez toi celui qui est au-dessous de toi et
celui qui est moins riche que toi; s'il s'en va et ne te rend pas, Dieu te le
rendra.
- Mon fils, ne cesse pas de frapper ton enfant ; le châtiment
du fils est comme le fumier dans le jardin, comme le cordon de la bourse, comme
le licol de l'animal, et comme la barre de la porte.
- Mon fils, arrache ton fils au mal pour te tranquilliser toi-même
dans ta vieillesse; instruis-le et frappe-le tant qu'il est jeune, fais-le
obéir à tes ordres, afin que peu après il ne vocifère pas et ne se rebelle pas
contre toi, qu'il ne te fasse pas honte au milieu de tes camarades, qu'il ne
t'oblige pas à baisser la tête dans les places publiques et les carrefours, que
tu ne rougisses pas de la méchanceté de ses œuvres et que tu ne sois pas avili
par son impudence perverse.
- Mon fils, acquiers un bœuf trapu et un âne au pied solide;
n'acquiers pas un bœuf cornu, et ne t'associe pas à un homme méchant.
- Mon fils, n'acquiers pas un esclave querelleur ni une servante
voleuse, car ils perdront tout ce qui sera confié à leurs mains.
- Mon fils, les paroles des hommes menteurs et insensés
ressemblent aux passereaux qui volent dans l'air et sont gras; celui qui n'a
pas d'intelligence les écoute.
- Mon fils, ne réduis pas tes enfants à la misère, de crainte
qu'ils ne te maudissent et que Dieu ne s'irrite contre eux car il est écrit:
Celui qui maudit son père et sa mère mourra de mort et: Celui qui honore son
père et sa mère aura une longue vie et des biens en abondance.
- Mon fils ne te mets pas en route sans glaive et ne cesse pas de
te mémoriser Dieu en ton cœur, car tu ne sais pas quand les ennemis mauvais te
rencontreront. Sois prêt dans ta route, parce qu'il y aura de nombreux ennemis.
- Mon fils, tel un arbre opulent sous ses fruits, ses feuilles et
ses rameaux, ainsi est l'homme avec une femme excellente, et ses fruits sont
des enfants et des frères. L'homme qui n'a ni femme, ni enfants, ni frères au
monde sera dédaigné et méprisé de ses ennemis, comme un arbre sans feuille et
stérile: tous les passants le frappent du pied et mangent de ses fruits, et
l'animal sauvage fait tomber et choir ses feuilles.
- Mon fils, ressemble à un arbre fructueux sur le bord de la
route, dont le fruit est mangé par tous et les bêtes du désert se reposent sous
son ombre et mangent de ses feuilles.
- Ô mon fils! Chaque mouton qui erre hors de son chemin et ses
compagnons deviennent la nourriture du loup.
- Mon fils, ne dis pas: «Mon seigneur est fou et moi je suis
sage»; mais il faut que tu le regardes comme excellent, quand bien même il
aurait quelques défauts, et tu en seras aimé. Ne t'estime pas être du nombre
des sages lorsque près des hommes tu n'appartiens pas à ce groupe.
- Mon fils, ne sois pas de ceux auxquels leur maître dit: «Va de
devant ma face», mais de ceux auxquels il dit: «Approche et demeure près de
moi.»
- Mon fils, lorsque tu as des serviteurs, n'aime pas l'un et ne
hais pas l'autre, car tu ne sais pas lequel d'entre eux tu choisiras à la fin.
- Ô mon fils! N'aie pas peur de ton Seigneur qui t'a créé, de peur
qu'Il ne soit silencieux à ton égard.
- Mon fils, adoucis ta langue à l'aide des paroles de Dieu et
rends bonne les paroles de ta bouche. Parle à chacun avec bonté et élégance,
car c'est la queue du chien qui lui donne du pain et sa gueule lui attire des
coups et des pierres.
- Mon fils, ne laisse pas ton prochain te marcher sur le pied, de
crainte qu'il ne te marche sur la poitrine; c'est-à-dire ne permets pas à
l'adversaire Satan de te faire commettre une petite faute, de crainte qu'il ne
t'en fasse commettre une plus grande.
- Mon fils, frappe le sage et tu seras comme une fièvre dans son
cœur, mais frapperais-tu l'insensé de nombreux coups de bâton qu'il
n'apprendrait et ne comprendrait rien de ce qui est bien.
- Mon fils, si tu envoies un homme sage pour faire ton travail, ne
lui donne pas de longs conseils ou avertissements, car il fera ton travail
comme ton cœur le veut; mais si tu envoies un homme insensé, ne parle pas avec
lui devant quelqu'un, mais va t'en plutôt et ne l'envoie pas, car il ne fera
pas ton travail selon ta volonté, quelques sages conseils que tu lui donnes.
- Mon fils, si l'on t'envoie en chercher un autre plus fort que
toi, ne blesse pas l'homme puissant, de crainte qu'il ne résiste et ne te cause
du mal sans que tu le prévoies.
- Mon fils, éprouve ton fils et ton serviteur avec le pain,
c'est-à-dire dans les petites choses d'abord, ensuite confie-lui ce qui
t'appartient et tes possessions.
- Mon fils, celui dont la main est pleine est appelé sage et
honorable, et celui dont la main est vide est appelé méchant, pauvre, besogneux
et indigent, et personne ne l'honore.
- Mon fils, j'ai mangé de l'absinthe et j'ai dévoré de la myrrhe,
mais je n'ai rien vu de plus amer que la pauvreté et l'indigence. Mon fils, j'ai
porté du fer et du plomb, et je n'ai rien vu comme l'opprobre et la calomnie.
Mon fils, j'ai porté du sel et de grandes pierres, et elles ne m'ont pas pesé
comme celui qui rit et se moque et qui demeure dans la maison de son beau-père.
- Mon fils, enseigne à ton fils la faim et la soif, pour qu'il
dirige sa maison selon ce qu'il a vu.
- Mon fils, n'enseigne pas aux insensés des paroles sages et
savantes, car mes paroles sont pour eux comme celui qui enduit son corps de
poix pour l'engraisser.
- Mon fils, si tu deviens indigent et pauvre, ne révèle pas tes
affaires à ton ami, de crainte qu'il ne devienne avare.
- Mon fils, l'aveugle des yeux vaut mieux que l'aveugle de cœur,
car l'aveugle des yeux suit la voie de la vie, tandis que l'aveugle de cœur va dans
la voie profonde du péché.
- Mon fils, si un homme glisse et tombe, cela vaut mieux qu'une
faute de langue; car s'il meurt de sa chute, il est délivré des traits
tentateurs, tandis que s'il faute par la langue il tombe en tentation.
- Mon fils, un ami proche l'emporte sur un frère éloigné, et un
bon renom sur la richesse du monde, car la richesse s'évanouira et se
dispersera tandis qu'un bon renom subsiste toujours.
- Mon fils, la beauté périt, se corrompt et s'évanouit et le monde
cesse, s'en va et passe, tandis qu'un bon renom ne passe pas, ne cesse pas et
ne se corrompt pas.
- Mon fils, pour l'homme qui n'a pas de repos durant sa vie la
mort est préférable à la vie. Le bruit des pleurs et des gémissements l'emporte
sur le bruit de la joie et des festins, car le bruit et l'audition des pleurs
font connaître à l'homme son tort et l'expient.
- Mon fils, le morceau de pain que tu donnes de ta main à un
pauvre dans ta pauvreté l'emporte sur un talent que tu donnerais dans ta
richesse. Une chèvre proche vaut mieux qu'un taureau qui est loin, et un
passereau que tu tiens dans ta main l'emporte sur cent qui volent dans l'air.
Si tu es indigent et que tes enfants amassent auprès de toi, cela vaut mieux
que d'avoir une grande richesse et des enfants qui dissipent. Un renard vivant
vaut mieux qu'un lion mort; c'est-à-dire un homme faible qui rend service vaut
mieux qu'un homme riche qui est avare et mauvais.
- Mon fils, un talent de laine vaut mieux qu'un poids égal d'or ou
d'argent, car l'or et l'argent se cachent, sont enfermés dans les bourses et ne
sont vus d'aucun étranger, tandis que la laine se sort et se vend dans les rues
et les places publiques; elle sert aussi pour les vêtements et elle est belle à
voir.
- Mon fils, ensevelis et cache la parole dans ton cœur et ne
révèle pas le secret de ton camarade, car, si tu le révèles, tu as repoussé son
amitié loin de toi.
- Mon fils, ne prononce pas de parole qui puisse ensuite affliger
ton cœur. Il te vaut mieux trébucher du pied que de la langue.
- Un homme pauvre qui est juste vaut mieux qu'un homme riche mort
dans le péché.
- Mon fils, si tu as entendu une parole du chef, recouvre-la et
cache-la dans ton cœur aussi longtemps que tu vivras en ce monde; tant que tu
la médites dans ton cœur, ensevelis-la chez toi.
- Mon fils, ne t'élève pas dans ton jugement contre les hommes
illustres et qui l'emportent en grandeur et puissance, car des plaisanteries et
des paroles méprisantes proviennent de la colère et de la discorde. Une parole
de colère éveille et suscite la fureur, et de cette fureur provient la discorde
puis, après la discorde, vient le meurtre. Si tu te trouves en ce lieu et que
tu y demeure, ou bien tu seras tué, ou bien ils t'appelleront comme témoin; ils
demanderont et exigeront ton témoignage, après quoi tu souffriras et, par honte
ou par crainte, tu donneras, pour ta confusion, un faux témoignage. Aussi, je
te l'ordonne, hâte-toi de fuir l'endroit où il y a dispute et ton âme sera dans
le calme.
- Ô mon cher fils, ne t'élève pas contre celui qui est plus âgé
que toi; il te donnera satisfaction au jugement et tu sortiras vainqueur. Ne
sois pas impudent, écarte les disputes et vaincs le mal à l'aide du bien.
- Mon fils! ne t'éloigne pas de ton premier ami de crainte qu'il
n'y en ait aucun autre pour le remplacer.
- Mon fils, visite les pauvres dans leur malheur et parle de lui
en présence du Sultan et fait ta diligence en le sauvant de la bouche du lion.
- Mon fils, ne te réjouis pas de ton ennemi quand il meurt, après
un peu de temps tu seras son voisin et lui qui se moquait de toi, respecte et
honore-le et devance-le dans la salutation.
- Mon fils, lorsqu'un homme se tiendra debout sans occuper de
place, lorsque l'oiseau volera sans ailes, lorsque le corbeau sera blanc comme
la neige, lorsque l'amer deviendra doux comme le miel, alors l'insensé
deviendra sage.
- Mon fils, si tu veux être sage, refuse ta bouche au mensonge et
ta main au vol, et tu seras sage.
- Mon fils, l’œil de l’homme est comme une fontaine; il ne
rassasie pas avant d’être rempli de poussière.
- Mon fils! Laisse l'homme sage te battre avec un bâton, mais ne
laisse pas l'imbécile t'oindre d'huile odoriférante. Sois humble dans ta
jeunesse et tu seras honoré dans ta vieillesse.
- Mon fils! Ne résiste pas à un homme aux jours de sa puissance,
ni à la rivière aux jours de son inondation.
-Mon fils, après les plaisanteries viendront les rixes, puis les
combats et enfin le meutre.
- Mon fils, n'interviens pas dans les fiançailles d'une femme, car
si elle en tire confusion, elle te maudira et si elle en est heureuse, elle ne
se souviendra pas de toi.
- Mon fils, celui qui brille par son vêtement brille aussi par son
langage, et celui qui est méprisable dans son vêtement l'est aussi dans sa
parole.
- Mon fils, tu tendras la main qui était rassasiée et qui a faim
et non celle qui avait faim et qui est rassasiée.
- Mon fils, que ton pied ne coure pas trop souvent vers ton ami,
de crainte qu’il ne rassasie de toi et ne te haisse.
- Mon fils! Si tu as commis un vol, faits-le connaître au Sultan
et donne-lui une part de cela, que tu puisses être délivré de lui, autrement tu
supporteras l'amertume.
- Mon fils! Fais-toi un ami de l'homme dont la main est satisfaite
et remplie, et ne te fais aucun ami de l'homme dont la main est fermée et affamée.
- Mon fils, ne mets pas un anneau d’or à ta main, si tu n’as pas
de grande richesse, de crainte que les insensés ne se moquent de toi.
Fin de l’enseignement de Nadan. Ahikar lui confie ses richesses et
finit par le chasser de sa maison
Après avoir enseigné tout son savoir à Nadan, Ahikar pensât qu'il
conserverait ces paroles dans son cœur mais ne comprit pas qu'il ne les
écoutait pas et les jetait pour ainsi dire au vent.
Le vieux sage prit alors sa retraite, s’installa chez lui et donna
à Nadan toute sa fortune et aussi le pouvoir de diriger sa maison. Il ne
sortait que pour quelques visites de courtoisies au roi.
Cependant, le pouvoir monta vite à la tête de Nadan et il commença à mépriser son oncle et à se moquer de lui. Il se mit à le blâmer chaque fois qu’il apparaissait en public, disant: «Mon oncle Ahikar est vieux et il a perdu l'esprit.» Et Nadan, s'adjugea ses troupeaux, dissipa ses biens et n'épargna pas ses meilleurs serviteurs, qu'il frappait devant lui, ni ses bêtes de somme et ses mules qu'il tua. Le voyant ainsi agir, n’ayant aucune compassion pour ses domestiques, ni pour les membres de sa maison, Ahikar l’expulsa et informa le roi que son fils avait dissipé ses biens et sa fortune.
Cependant, le pouvoir monta vite à la tête de Nadan et il commença à mépriser son oncle et à se moquer de lui. Il se mit à le blâmer chaque fois qu’il apparaissait en public, disant: «Mon oncle Ahikar est vieux et il a perdu l'esprit.» Et Nadan, s'adjugea ses troupeaux, dissipa ses biens et n'épargna pas ses meilleurs serviteurs, qu'il frappait devant lui, ni ses bêtes de somme et ses mules qu'il tua. Le voyant ainsi agir, n’ayant aucune compassion pour ses domestiques, ni pour les membres de sa maison, Ahikar l’expulsa et informa le roi que son fils avait dissipé ses biens et sa fortune.
Le roi appela Nadan et lui dit: «Tant que Ahikar sera en santé,
personne ne régnera sur ses biens, ni sur sa maison.» Et Nadan quitta son
oncle, pleine de rancune et ne le salua plus jamais. Ahikar était très triste
car il avait consacré une grande partie de sa vie à Nadan et il était bien
tristement récompensé. Mais Nadan avait un frère plus jeune nommé Nabouzardan
et Ahikar le prit avec lui. Il l’élevât et l’honorât d'un honneur supérieur. Et
il lui donna tout ce qu’il possédait.
Vengeance de Nadan
Voyant cela, Nadan fut pris d’envie et de jalousie et il commença
à se plaindre en public: «Mon oncle m'a expulsé de sa maison et a préféré mon
frère à moi, mais si le Dieu Très-Haut me donne la puissance, j'apporterai sur
lui le malheur d'être tué.» Et Nadan continua à méditer dans son cœur sa
vengeance et mit au point un plan diabolique.
Il écrivit alors une première lettre à Achish, le fils de Shah le
sage, roi de Perse, dans laquelle il disait: «Paix et santé et puissance et
honneur de la part du roi Sarhédom d'Assyrie et de Ninive et de son vizir et
son secrétaire Ahikar. Salut, Ô grand Roi! Que la paix soit entre toi et moi!
Quand cette lettre te parviendra, sors aussitôt et va rapidement à la plaine de
Neshrin , en Assyrie et Ninive, je te livrerai le royaume sans guerre et sans
combat.»
Il écrivit aussi une seconde lettre à Pharaon roi d'Égypte: « Que
la paix soit entre toi et moi, Ô puissant roi! Quand cette lettre t'arrivera,
sors au-devant de moi et va en Assyrie et Ninive à la plaine de Neshrin, je te
livrerai le royaume sans guerre et sans combat.»
Nadan plia les deux lettres et les scella du sceau de son oncle.
Il écrivit également une lettre du roi à son oncle Ahikar: «Paix et santé à mon
vizir, mon secrétaire, mon chancelier, Ahikar. Ô Ahikar, quand cette lettre
t'arrivera, assemble tous les soldats qui sont avec toi et apporte-les-moi le
cinquième jour dans la plaine de Neshrin. Quand tu me verras venant là vers
toi, hâte-toi et déplace l'armée contre moi comme un ennemi qui se battrait
avec moi, car j'ai avec moi les ambassadeurs de Pharaon roi d'Égypte et ceux du
roi de Perse, qu'ils puissent voir la force de notre armée et puissent nous
craindre, car ils sont nos ennemis et ils nous détestent »
Alors, il scella la lettre et la fit porter par l’un des
domestiques du roi à son oncle. Et il prit avec lui la lettre adressée à
Pharaon et la montra au roi. Quand le roi vit le contenu de la lettre, il fut
troublé et entra dans une terrible colère. Il dit à ses conseillers: «Qu'ai-je
fait à Ahikar pour qu'il écrive ces lettres à mes ennemis? Est-ce sa récompense
pour tout le bien que je lui ai prodigué?»
Nadan lui répondit: «Ne sois pas en peine, Ô mon seigneur le roi!
Allons à la plaine de Neshrin et voyons si cela est vrai ou non. Peut-être
quelqu’un cherche-t-il à faire du tort à mon oncle ?»
Alors Nadan se leva le cinquième jour, et prit le roi et les
soldats et ils allèrent à la plaine de Neshrin. Le roi regarda à l’horizon et
Ahikar était là avec son armée. Ahikar rangea son armée en bataille en face du
roi comme pour lui faire la guerre, sur la foi de la lettre que lui avait
envoyée son fils. Voyant cela, le roi fut pris d'une grande colère.
Nadan dit au roi: «As-tu vu, Ô mon Seigneur le roi, ce que ce
misérable a fait? Mais ne sois pas en colère et ne sois pas peiné ni affligé,
mais va à ta maison et assieds-toi sur ton trône, et je t'apporterai Ahikar
attaché et enchaîné et je chasserai tes ennemis loin de toi sans peine»
Le roi retourna à son trône, troublé par les agissements d’Ahikar.
Nadan alla près de son oncle et lui dit: «Le seigneur roi m'a envoyé près de
toi pour te dire: Tout ce que tu as fait, tu l'as bien fait. Le roi te loue
beaucoup. Et maintenant, il m'a envoyé vers toi pour que tu renvoies les
soldats et que tu viennes toi-même vers lui avec tes mains et tes pieds
enchaînés, que les ambassadeurs de Pharaon et du Shah puissent le voir, et que
le roi puisse être craint, par eux et par leurs rois»
A quoi, Ahikar répondit: «Entendre, c'est obéir.» Il se leva, fit
lier ses mains et s’enchaîna. Nadan le prit et ils allèrent chez le roi. Quand
il entra en présence du roi, le vieux sage fit la révérence devant lui sur le
sol et lui souhaita la puissance et une vie éternelle.
Alors le roi dit: «O Ahikar, mon secrétaire, le gouverneur de mes
affaires, mon chancelier, le dirigeant de mon État, dis-moi quel mal t'ai-je
fait pour que tu me récompenses de cet acte méprisable»
Ils montrèrent à Ahikar les lettres avec son écriture et son
sceau. Quand il vit cela, ses membres tremblèrent et sa langue se lia
instantanément et il fut incapable de dire un mot par crainte; il pencha sa
tête vers le sol et resta muet. Quand le roi vit cela, il fut certain qu’Ahikar
était coupable. Il se leva de son trône et ordonna de le faire décapiter à
l'extérieur de la ville. Alors Nadan cria et dit: «Ô Ahikar, ô caractère
ingrat! Pourquoi as-tu trompé ton souverain ?»
Le nom du bourreau était Abu-Samik. Le roi le fit venir et lui
dit: « Ô bourreau! Va, fends le cou d’Ahikar à la porte de sa maison et jette
sa tête loin de son corps à cent coudées.»
Ahikar, qui avait retrouvé l’usage de la parole, tomba face contre
terre et dit: «Seigneur roi, vis à jamais! Tu veux donc me tuer, que ta volonté
soit faite. Je sais que je ne suis pas coupable mais l'homme mauvais doit
rendre compte de sa méchanceté; néanmoins, ô mon seigneur le roi, je t'implore
et implore ton amitié, permets au bourreau de donner mon corps à mes
serviteurs, qu'ils puissent m'ensevelir»
Le roi se leva et ordonna que le bourreau fasse selon le désir
d’Ahikar. Et le vieux sage envoya dire à sa femme: «Viens au-devant de moi et
amène avec toi mille jeunes filles habillées de fin lin, de pourpre et de
safran, qui danseront au-devant de moi et se lamenteront jusqu'à ma mort.
Prépare une table pour le bourreau et pour ses domestiques. Et apporte une grande
quantité de vin, qu'ils puissent boire» . Et sa femme fit tout ce qu’il lui
avait commandé.
Quand l'armée du roi et le bourreau arrivèrent, ils trouvèrent la
table dressée avec du vin et des viandes luxueuses et ils commencèrent à manger
et à boire jusqu'à ce qu'ils aient été rassasiés et ivres. Alors Ahikar prit le
bourreau à part de la troupe et lui dit: «O Abu-Samik, ne sais-tu pas que quand
Sennachérib le roi, le père de Sarhédom, a voulu te tuer, je t'ai pris et t'ai
caché dans une place sûre jusqu'à ce que la colère du roi diminue et qu’il t'a
demandé. Quand je t'ai amené en sa présence, il s'est réjoui; et rappelle-toi
maintenant la bonté que je t'ai faite. Je sais que le roi se repentira à mon
sujet et entrera dans une grande colère après mon exécution. Car je ne suis pas
coupable et il saura que Nadan, le fils de ma sœur, m'a trompé et m'a fait cet
acte méprisable. Et le roi se repentira de m'avoir tué; et maintenant j'ai une
cave dans le jardin de ma maison et personne ne le sait. Cache-moi dedans et
que ma femme le sache. Et j'ai un esclave dans la prison qui mérite d'être tué.
Amène-le dehors et revêts-le de mes vêtements et demande à tes domestiques,
quand ils auront bu, de le tuer. Ils ne sauront pas qui ils sont en train de
tuer. Jette sa tête loin de son corps à cent coudées et donne son corps à mes
serviteurs qu'ils puissent l'ensevelir. Tu emmagasineras un grand trésor avec
moi». Le bourreau fit comme il lui avait commandé et il alla chez le roi et lui
dit: «Seigneur roi ! Vis à jamais! Ahikar est mort»
La mort d’Ahikar se répandit dans toutes les contrées du royaume
et aussi à l’étranger. Et les sujets du roi le pleurèrent: «Hélas pour toi, O
Ahikar! Et pour ton savoir et ta courtoisie! Comme nous sommes tristes! Où
peut-on trouver un autre comme toi? Et existe-il un autre homme si intelligent,
si savant, si habile souverain pour te ressembler qu'il puisse prendre ta place
?»
Et le roi se repentit de la mort d’Ahikar. Il appela Nadan et lui
dit: «Va et prends tes amis avec toi et fais des funérailles à ton père Ahikar
et lamentes-toi sur lui comme c'est la tradition. Fais honneur à sa mémoire.»
Alors Nadan, l'idiot, l'ignorant, l'impitoyable, alla dans la
maison de son oncle, il ne pleura pas, ne porta pas le deuil, ne se lamenta
pas. Au contraire, il assembla des gens cruels et corrompus et se mit à manger
et à boire. Il commença à saisir les servantes et les esclaves et il les lia et
les tortura et les roua de coups. De plus, il ne respecta pas la femme de son
oncle, celle là même qui l'avait élevé comme son propre fils et voulut coucher
avec elle. Ahikar, du fond de sa cave, entendait les pleurs de ses esclaves et
de ses voisins et louait et priait le Dieu Très-Haut, le miséricordieux. Et le
bourreau venait de temps en temps le voir dans sa cachette et il le consolait
et souhaitait sa délivrance.
Lorsque la nouvelle de la mort d’Ahikar arriva dans les autres
pays, tous les rois furent peinés et méprisèrent le roi Sarhédom et ils
pleurèrent le vieux sage, celui qui résolvait les énigmes.
Le roi d’Egypte
Quand le roi d'Égypte apprit la nouvelle, il se leva immédiatement
et écrivit une lettre au roi Sarhédom, lui disant: «La paix, la santé, la force
et l'honneur sur toi, mon frère aimé, roi Sarhédom. Je désire construire un
château entre le ciel et la terre, et je veux que tu m'envoies un homme sage et
intelligent qui le construira pour moi et qui répondra à toutes mes questions.
Si tu n’arrives pas à satisfaire ma demande, tu me devras les impôts et les
taxes douanières d'Assyrie pendant trois ans»
Alors, il scella la lettre et l'envoya à Sarhédom. Le roi prit la
missive, la lut et la donna à ses vizirs et à la noblesse de son royaume. Ils
furent perplexes et honteux et le roi fut embarrassé sur la manière d’agir.
Alors il rassembla les anciens et les hommes savants, les hommes sages, les
philosophes, les devins et les astrologues. Il leur lut la lettre et leur dit:
«Qui parmi vous ira chez le Pharaon roi d'Égypte répondre à ses questions?»
Ils lui répondirent: «O notre seigneur le roi! Sais-tu qu'il n'y a
personne dans ton royaume qui connaît ses questions sauf Ahikar, ton vizir et
secrétaire. Quant à nous, nous n'avons aucune compétence, à moins que ce soit
Nadan, le fils de sa sœur, car il lui a appris toute sa sagesse, son savoir et
sa science. Appelle-le, peut-être qu'il pourra délier ce nœud ?»
Alors, le roi appela Nadan et lui dit: «Regarde cette lettre et
comprends ce qui est dedans.» Nadan la lut et répondit: «Ô mon seigneur! Qui
est capable de construire un château entre le ciel et la terre?»
Quand le roi entendit les paroles de Nadan, il descendit de son
trône et alla s'asseoir dans les cendres. Il commença à pleurer et à se
lamenter sur Ahikar: « Ô quel chagrin! Ô Ahikar, qui connaissait les secrets et
les énigmes! Malheur à moi à cause de toi, Ô Ahikar, gouverneur de mon royaume,
où trouverai-je quelqu'un comme toi? Que je suis triste pour toi! Comment ai-je
pu te détruire! Et écouter le discours d'un stupide garçon ignorant sans
savoir, sans religion, sans courage! Qui te rendra à moi, juste cette fois, ou
m'apportera la nouvelle qu’Ahikar est vivant? Et je lui donnerai la moitié de
mon royaume. Ô, Ahikar! Que je puisse te voir juste cette fois, que je puisse
me rassasier de toi en te contemplant, et en me réjouissant de toi. Ô quel
chagrin pour moi pour toujours! Ô Ahikar, comment ai-je pu te tuer! Et je n'ai
pas fait attention à ton cas jusqu'à ce que j'ai vu le fond de cette affaire.»
Ainsi, le roi continua à pleurer nuit et jour. Le bourreau, voyant
la colère et la douleur du roi, alla en sa présence et lui dit: «Ô mon
seigneur! Ordonne que tes domestiques coupent ma tête.» Alors le roi lui dit:
«Malheur à toi, Abu-Samik, quelle est ta faute?» Le bourreau lui répondit: «Ô
mon maître! Chaque esclave qui agit contrairement à la parole de son maître est
tué et j'ai agi contrairement à ton ordre.» Alors le roi lui dit: «Malheur à
toi, Ô Abu Samik, en quoi as-tu agi contrairement à mon commandement?»
Et le bourreau lui dit: «Ô mon seigneur! Tu m'as vraiment ordonné
que je tue Ahikar et je savais que tu te repentirais à son sujet et qu'il avait
été trompé et je l'ai caché dans une place sûre, et j'ai tué un de ses esclaves
et il est maintenant à l'abri dans la cave et si tu me l'ordonnes, je te
l'apporterai.»
Le roi lui dit: «Malheur à toi, Ô Abu Samik! Tu te moques de moi
et je suis ton seigneur.» Le bourreau lui dit: «Non, mais par la vie de ta
tête, Ô mon seigneur! Ahikar est à l'abri et vivant.» Quand le roi entendit
cela, il était certain que c'était vrai et sa tête se mit à défaillir et il
s'évanouit de joie, et il lui ordonna d'amener Ahikar. Il s’adressa ainsi au
bourreau: «Ô domestique fidèle! Si ton discours est vrai, je t'enrichirai avec
joie et j'exalterai ta dignité au-dessus de tous tes amis.»
Alors, le bourreau s'en alla en se réjouissant jusqu'à ce qu'il
soit arrivé à la maison d’Ahikar. Et il ouvrit la porte de la cachette et
descendit et le trouva assis, louant Dieu et le remerciant. Il cria en lui
disant: «Ô Ahikar, j'apporte beaucoup de joie, de bonheur et de plaisir!». Le
vieux sage lui répondit: «Quelles sont les nouvelles, Ô Abu Samik?». Il lui
parla de la lettre du Pharaon. Et il prit Ahikar avec lui et ils allèrent chez
le roi.
Quand le roi le regarda, il le vit dans un état de misère. Ses
cheveux étaient devenus longs comme ceux des bêtes sauvages et ses ongles,
comme les griffes d'un aigle et son corps était terni de poussière et la
couleur de son visage avait changé et s'était défraîchi et était maintenant
comme la cendre. Quand le roi vit cela il fut désolé et se leva immédiatement !
Il l'enlaça et l'embrassa, et pleura et dit: «Que la louange soit à Dieu qui
t'a ramené à moi.» Alors le roi le consola et le réconforta. Ensuite, il enleva
sa robe et la mit sur le bourreau et il était très gracieux et lui donna une
grande richesse.
Alors, Ahikar dit au roi: «Que le roi vive à jamais! J'ai cultivé
un palmier que je puisse m'y appuyer et il s'est plié sur le côté et m'a jeté
en bas. Mais, ô mon seigneur, depuis que je me suis présenté devant toi, ne
laisse plus les soucis t'opprimer.»
Alors, le roi lui répondit: «Béni soit Dieu, qui t'a pris en pitié
et savait que tu étais lésé et t'a sauvé et délivré de la mort. Mais va prendre
un bain chaud et rase ta tête, coupe tes ongles, change tes vêtements et
amuse-toi pendant quarante jours, que tu puisses te faire du bien et améliorer
ta condition et la couleur de ton visage puisse revenir. »
Alors le roi enleva sa robe somptueuse et il la mit sur Ahikar,
qui remercia Dieu et fit la révérence au roi et partit à sa demeure heureux et
content, louant le Dieu Très-Haut. Et les gens de sa maison se réjouirent avec
lui, et ses amis et tous ceux qui avaient entendu dire qu’il était vivant se
réjouirent aussi.
Ahikar fit comme le roi lui avait commandé et il se reposa pendant
quarante jours. Alors, il s’habilla dans sa robe la plus éclatante et alla voir
le roi, avec ses esclaves derrière lui et devant lui, se réjouissant et étant
enchanté. Mais quand Nadan, le fils de sa sœur, s'aperçut de ce qui arrivait,
la crainte et la terreur s'emparèrent de lui et il fut troublé, ne sachant que
faire. Quand Ahikar vit cela, il entra en la présence du roi et le salua. Le
roi lui rendit la salutation, et il le fit asseoir à son côté, lui disant: «Ô
mon cher Ahikar! Regarde ces lettres que le roi d'Égypte nous a envoyées, après
qu'il entendit dire que tu étais mort. Il nous a provoqué et nous a accablé et
beaucoup de gens de notre pays se sont enfuis en Égypte par crainte des impôts
que le roi d'Égypte a exigé de nous.»
Alors Ahikar prit la lettre et comprit tout son contenu. Il dit au roi: «Ne soit pas peiné, Ô mon seigneur! J'irai en Égypte et je rendrai les réponses au Pharaon, et je lui montrerai cette lettre et je lui répliquerai au sujet des impôts et je renverrai tous ceux qui se sont enfuis; et je mettrai tes ennemis dans la honte avec l'aide du Dieu Très-Haut et pour le bonheur de notre royaume.»
Alors Ahikar prit la lettre et comprit tout son contenu. Il dit au roi: «Ne soit pas peiné, Ô mon seigneur! J'irai en Égypte et je rendrai les réponses au Pharaon, et je lui montrerai cette lettre et je lui répliquerai au sujet des impôts et je renverrai tous ceux qui se sont enfuis; et je mettrai tes ennemis dans la honte avec l'aide du Dieu Très-Haut et pour le bonheur de notre royaume.»
Quand le roi entendit ces paroles, il se réjouit d'une grande
joie. Ahikar dit à son souverain: «Accorde-moi un délai de quarante jours que
je puisse considérer cette question et m'occuper d'elle.» Le roi le lui
accorda.
Alors, Ahikar alla à sa demeure et ordonna que les chasseurs
capturent deux jeunes aiglons pour lui. Ils les capturèrent et les lui
apportèrent: et il ordonna aussi aux tisserands de tisser deux cordes en coton,
chacun d’elles ayant deux mille coudées de long. Il fit aussi apporter les
charpentiers et leur ordonna de faire deux grandes cages et ils le firent.
Alors il prit deux petits garçons et se consacra chaque jour à
sacrifier les agneaux et à nourrir les aigles et les garçons et à entrainer les
garçons à monter sur le dos des aigles. Il lia les jeunes garçons par un câble
aux pieds des aigles et les laissa s'élever vers le haut peu à peu chaque jour,
à une distance de dix coudées, jusqu'à ce qu'ils grandissent habitués et ils
étaient formés pour cela; et ils ont élevé toute la longueur de la corde
jusqu'à ce qu'ils aient atteint le ciel; les garçons étant sur leurs dos. Alors
il les ramena à lui.
Quand il vit que son désir était accompli, il chargea les garçons
que quand ils seront portés en haut dans le ciel ils devront crier, disant:
«Apportez-nous de la boue et du mortier que nous puissions construire un
château pour le roi Pharaon, car nous sommes inoccupés.»
Il n'arrêtait jamais de les former et de les exercer jusqu'à ce
qu'ils aient atteint le point extrême d'habileté possible. Alors il alla chez
le roi et lui dit: «Ô mon seigneur! Le travail est fini selon ton désir.
Lève-toi avec moi que je puisse te montrer le prodige.»
Donc le roi se leva rapidement et s'assis avec lui et ils allèrent
dans un vaste endroit et il envoya chercher les aigles et les garçons, et il
les lia et les laissai planer dans l'air pour toute la longueur des cordes et
ils commencèrent à crier comme il leur avait appris. Alors il les ramena à lui
et les mit à leurs places.
Le roi et ceux qui étaient avec lui s'émerveillèrent avec un grand
étonnement: et le roi m'embrassa entre les yeux et lui dit: «Va en paix, Ô mon
bien-aimé, O fierté de mon royaume, en Égypte et réponds aux questions du
Pharaon et surmonte-le par la force du Dieu Très-Haut.»
Alors il fit ses adieux et prit ses troupes et son armée et les
jeunes hommes et les aigles et alla vers les demeures de l'Égypte; et quand il
arriva, il se tourna vers le pays du roi.
Quand les gens de l'Égypte surent que Sennachérib avait envoyé un
homme de son conseil privé pour parler avec le Pharaon et répondre à ses
questions, ils portèrent la nouvelle au roi Pharaon et il envoya un membre de
ses conseillers privés pour l’amener devant lui.
Alors, Ahikar entra en la présence du Pharaon et lui fit la
révérence comme il se doit de faire aux rois.
Et il lui dit: «Ô mon seigneur le roi! Sennachérib le roi te salue
avec beaucoup de paix, de puissance et d'honneur. Il m'a envoyé, moi qui suis
un de ses esclaves, que je puisse répondre à tes questions et puisse accomplir
tous tes désirs: car tu as envoyé chercher de mon seigneur le roi un homme qui
te construira un château entre le ciel et la terre. Et moi par l'aide du Dieu
Très-Haut et ta noble faveur et la puissance de mon seigneur le roi je le
construirai pour toi comme tu le désires. Mais, Ô mon seigneur le roi, si tu
gagnes et si ma main n'a aucune habileté à te répondre, alors mon seigneur le
roi t'enverra les impôts que tu as demandés. Et si je réponds à tes questions,
il te restera à envoyer tout ce que tu as mentionné à mon seigneur le roi.»
Quand le Pharaon entendit son discours, il s'étonna et fut
désemparé face à la liberté de sa langue et le charme de son discours. Le roi
Pharaon lui dit: «O homme! Quel est ton nom?». Et je lui répondis: «Ton
serviteur est Abiqam et je suis une petite fourmi parmi les fourmis du roi
Sennachérib.»
Alors, le Pharaon lui dit: «Na-t-il pas, ton seigneur, personne de
plus haute noblesse que toi, pour qu'il m'envoie une petite fourmi me répondre
et s'entretenir avec moi?»
Il lui répondit: «Ô mon seigneur le roi! Je pourrais avec le Dieu
Très-Haut accomplir ce qui est dans ton esprit, car Dieu est avec le faible
pour qu'Il puisse confondre celui qui est puissant.»
Alors le Pharaon commanda qu'ils préparent une demeure pour Abiqam
et le pourvoir en nourriture, en viande, en boisson et tout ce dont il avait
besoin.
Et quand cela fut fini, trois jours après, le Pharaon s'habilla de
pourpre et d'écarlate et alla s'asseoir sur son trône et tous ses vizirs et les
magnats de son royaume étaient debout avec leurs mains croisées, leurs pieds
rapprochés et leurs têtes inclinées. Ensuite le Pharaon envoya chercher Ahikar
et quand il lui fut présenté, il fit la révérence devant lui, et embrassa le
sol devant lui.
Le roi Pharaon lui dit: « O Abiqam, à qui puis-je ressembler? Et
les grands de mon royaume, à qui ressemblent- ils?» Il lui répondit: «Ô mon
seigneur le roi! Tu es comme l'idole Bel et les grands de ton royaume
ressemblent à ses domestiques.». Il lui dit: «Va et reviens ici demain.»
Le lendemain, il entra en la présence du Pharaon et fit la
révérence et se tint debout devant le roi. Et le Pharaon était paré de couleur
écarlate et les grands étaient parés de blanc. Le Pharaon lui dit: «O Abiqam, à
qui puis-je ressembler? Et les grands de mon royaume, à qui ressemblent-ils?».
Il lui répondit: «Ô mon seigneur! Tu es comme le soleil et tes nobles
ressemblent à ses rayons.» Et le Pharaon lui dit: «Va à ta demeure et viens ici
demain.»
Alors le Pharaon commanda que sa cour porte du blanc pur et le
Pharaon fut paré comme eux et s'assis sur son trône et leur commanda qu'ils
aillent le chercher. Il entra et s'assit devant lui. Le Pharaon lui dit: «O
Abiqam, à qui puis-je ressembler? Et mes nobles, à qui ressemblent-ils?». Il
lui répondit: «Ô mon seigneur! Tu es comme la lune et tes nobles ressemblent
aux planètes et aux étoiles.» Et le Pharaon lui dit: «Va et demain soit ici.»
Alors le Pharaon commanda que ses domestiques portent des robes de
couleurs diverses et le Pharaon porta une robe de velours rouge et de diverses
couleurs et s'assis sur son trône et commanda qu'ils aillent le chercher. Et il
entra et fit la révérence devant lui. Il dit: «O Abiqam, à qui puis-je
ressembler? Et mes armées, à qui ressemble-elles?» Et il répondit: «Ô mon
seigneur! Tu es comme le mois d'avril et tes armées ressemblent à ses fleurs.»
Quand le roi entendit cela, il se réjouit d'une grande joie et
dit: «O Abiqam! La première fois tu m'as comparé à l'idole Bel et mes grands à
ses domestiques. La deuxième fois tu m'as comparé au soleil et mes grands au
rayon du soleil. Et la troisième fois tu m'as comparé à la lune et mes grands
aux planètes et aux étoiles. Et la quatrième fois tu m'as comparé au mois
d'avril et mes grands à ses fleurs. Mais maintenant, O Abiqam! Dis-moi, ton
seigneur, roi Sennachérib, à qui peut-il ressembler? Et ses grands, à qui
ressemblent-ils?»
Moi, Ahikar, cria d'une voix forte et dit: «Dieu me garde de
parler de mon seigneur le roi et pendant que toi, tu es assis sur ton trône.
Mais lève-toi sur tes pieds que je puisse te dire à qui mon seigneur le roi
ressemble et à qui ses grands ressemblent.»
Pharaon fut désemparé par la liberté de son discours et sa
hardiesse à répondre. Alors le Pharaon se leva de son trône et se tint debout
devant Ahikar et lui dit: «Dis-moi maintenant, que je puisse voir à qui ton
seigneur le roi ressemble et ses grands, à qui ils ressemblent.»
Alors Ahikar répondit:»Mon seigneur est comme le Dieu du ciel et
ses grands sont comme les éclairs et le tonnerre et quand il l'ordonne les
vents soufflent et la pluie tombe. Il commande le tonnerre et les éclairs et la
pluie et il garde le soleil et il ne donne pas sa lumière et garde la lune et
les étoiles et ils ne tournent pas. Et il commande la tempête et elle souffle
et la pluie tombe et elle piétine avril et détruit ses fleurs et ses maisons.»
Quand le Pharaon entendit ce discours, il fut énormément troublé
et fut irrité d'une grande colère et lui dit: «O homme! Dis-moi la vérité et
fais-moi savoir qui tu es vraiment». Il lui dit la vérité: «Je suis Ahikar le
scribe, le plus grand des conseillers privés du roi Sennachérib, et je suis son
vizir et le gouverneur de son royaume et son chancelier.»
Il lui dit: «Tu as dit la vérité dans cette affirmation. Mais nous
avons entendu parler de Ahikar, que le roi Sennachérib l'a tué, pourtant tu
sembles vraiment être bien vivant.» Ahikar répondit: «Oui, eh bien il l'était, mais
loué soit Dieu, qui connait ce qui est caché, car mon seigneur le roi avait
commandé que je sois tué et il a cru aux paroles d'un homme débauché, mais le
Seigneur m'a délivré, et béni est celui qui se confie en Lui.»
Le Pharaon lui dit: «Va et demain sois ici et dis-moi une parole
que je n'ai jamais entendue de mes grands ni des gens de mon royaume et de mon
pays.»
Ahikar alla à sa demeure et écrivit une lettre, y disant
judicieusement: «De Sennachérib roi d'Assyrie et de Ninive au Pharaon roi
d'Égypte. Que la paix soit avec toi, Ô mon frère! Et que nous vous faisons
connaître par ceci qu'un frère a besoin de son frère et les rois l'un de
l'autre et mon espoir de toi c'est que tu puisses me prêter neuf cents talents
d'or, car j'en ai besoin pour le ravitaillement de quelques uns de mes soldats,
que je puisse le dépenser pour eux. Et après un peu de temps, je te les
retournerai.»
Alors il plia la lettre et la présenta le lendemain au Pharaon.
Quand il la vit, il fut confus et dit: «En vérité je n'ai jamais entendu rien
de semblable à cette parole de quiconque.» Alors, Ahikar, lui dit: «Vraiment
c'est une dette que tu as envers mon seigneur le roi.» Le Pharaon l'accepta,
disant: «O Ahikar, c'est comme toi qui est honnête dans le service des rois.
Béni soit Dieu qui t'a fait parfait en sagesse et t'a orné de philosophie et de
connaissance. Et maintenant, O Ahikar, il reste ce que nous désirons de toi,
que tu puisses nous faire construire un château entre le ciel et la terre.»
Alors il lui répondit: «Entendre c'est devoir obéir. Je te
construirai un château selon ton désir et ton choix; mais, Ô mon seigneur!
Prépare-nous la chaux, la boue, le mortier et les ouvriers et j'ai d'habiles
constructeurs qui construiront pour toi comme tu le désires.»
Et le roi prépara tout cela pour lui et ils allèrent dans un vaste
endroit; et Ahikar et ses garçons y allèrent et il prit les aigles et les
jeunes hommes avec lui; et le roi et tous ces grands allèrent et la ville
entière s'assembla, afin qu'ils puissent voir ce qu’il ferait. Alors il sortit
les aigles des boîtes et attacha les jeunes hommes sur leurs dos et lia les
cordes aux pieds des aigles et les laissai s'envoler dans l'air. Et ils
montèrent vers le haut, jusqu'à ce qu'ils soient entre le ciel et la terre.
Et les garçons commencèrent à crier, disant: «Apportez-nous de la
boue et du mortier que nous puissions construire un château pour le roi
Pharaon, car nous sommes inoccupés.»
La foule fut étonnée et perplexe et s'émerveilla. Et le roi et ses
grands s'émerveillèrent. Alors Ahikar, et ses domestiques commencèrent à battre
les ouvriers et ils crièrent aux troupes du roi, leur disant: «Apportez aux
habiles ouvriers ce qu'ils veulent et ne les gênez pas dans leur travail.»
Et le roi lui dit: «Tu es fou; qui peut apporter quoi que ce soit
jusqu'à cette distance?». Il lui répondit: «Ô mon seigneur! Comment
construirons-nous un château dans les airs? Et si mon seigneur le roi était
ici, il aurait construit plusieurs châteaux en un jour seul.» Le Pharaon lui
dit: «Va, O Ahikar, à ta demeure et repose-toi, car nous avons renoncé à
construire le château et demain vient me voir.»
Alors il alla à sa demeure et le lendemain il se présentai devant
le Pharaon. Et il dit: «O Ahikar, quelles sont les nouvelles du cheval de ton seigneur?
Car quand il hennit dans le pays d'Assyrie et de Ninive, et nos juments
entendent sa voix, elles abandonnent leur jeune.» Et quand il entendit ce
discours, il alla et prit un chat et le lia et commença à le flageller avec de
violentes flagellations jusqu'à ce que les Égyptiens l'entendent et ils
allèrent et en parler au roi.
Le Pharaon envoya le chercher et lui dit: «O Ahikar, pour quelle
raison flagelles-tu ainsi et frappes-tu cette bête muette?» Il lui répondit: «Ô
mon seigneur le roi! En vérité ce chat m'a causé du dommage et l'a mérité le
rouant de coups et le flagellant, parce que mon seigneur le roi Sennachérib
m'avait donné un excellent coq et il avait une pure voix forte et connaissait
les heures du jour et la nuit. Le chat s'est levé durant la nuit et a coupé sa
tête et est parti; et à cause de cela je l'ai traité durement.»
Le Pharaon lui dit: «O Ahikar, je vois de tout cela, que tu es
vieillissant et tu te trompes, car entre l'Égypte et Ninive il y a
soixante-huit parasanges et comment est-il allé durant la nuit couper la tête
de ton coq et revenir?» Il lui répondit: «Ô mon seigneur! S'il y avait une
telle distance entre l'Égypte et Ninive, comment tes juments pourrait entendre
quand le cheval de mon seigneur hennit et abandonner leur jeune? Et comment la
voix du cheval pourrait atteindre l'Égypte?» Et quand le Pharaon entendit cela,
il sut que il avait répondu à ses questions.
Le Pharaon dit: «O Ahikar, je veux que tu me fasses des cordes de
sable.» Il lui répondit: «Ô mon seigneur le roi! Ordonne-leur de m'apporter une
corde semblable de la trésorerie que je puisse en faire une pareille !»
Il alla derrière la maison et fit des trous dans le solide du rivage de la mer, et il prit une poignée de sable dans sa main et quand le soleil se leva et pénétra dans les trous, il étendit le sable au soleil jusqu'à ce qu'il soit devenu tissé comme des cordes.
Il dit: «Commande que tes domestiques prennent ces cordes et chaque fois que tu le désireras, je t'en tisserai comme celles-ci.»
Il alla derrière la maison et fit des trous dans le solide du rivage de la mer, et il prit une poignée de sable dans sa main et quand le soleil se leva et pénétra dans les trous, il étendit le sable au soleil jusqu'à ce qu'il soit devenu tissé comme des cordes.
Il dit: «Commande que tes domestiques prennent ces cordes et chaque fois que tu le désireras, je t'en tisserai comme celles-ci.»
Le Pharaon dit: «O Ahikar, nous avons une meule ici et elle a été
cassée et je veux que tu la couses.» Alors il regarda et trouva une autre
pierre. Et il dit au Pharaon: «Ô mon seigneur! Je suis un étranger et je n'ai
aucun outil pour la couture. Mais je veux que tu commandes à tes fidèles
cordonniers de me tirer du fil de cette pierre, que je puisse coudre cette
meule.»
Alors le Pharaon et tous ses grands rirent. Et il dit: «Béni soit
le Dieu Très-Haut, qui t'a donné cette intelligence et cette connaissance.»
Quand le Pharaon vit qu’il avait triomphé de lui et que il avait rendu ses
réponses, il devint enthousiasmé, et commanda qu'ils rassemblent pour lui les
impôts de trois années et l'apporte à lui Ahikar. Il se dépouilla de ses robes
et les mit sur lui et sur ses soldats et ses domestiques et lui donna les
dépenses de son voyage.
Il lui dit: «Va en paix, O force de son seigneur et fierté de ses
docteurs! Y a-t-il entre n'importe lequel des Sultans quelqu'un comme toi?
Donne mes salutations à ton seigneur le roi Sennachérib et dis-lui comment nous
lui avons envoyé des cadeaux, car les rois sont satisfaits de peu.»
Alors, Ahikar se leva et embrassa les mains du roi Pharaon et
embrassa le sol devant lui et lui souhaitai la force et une longue vie et
l'abondance dans sa trésorerie et lui dit: «Ô mon seigneur! Je désire de toi,
qu'aucun de nos paysans reste en Égypte.»
Le Pharaon se leva et envoya des hérauts pour proclamer dans les
rues de l'Égypte que pas un des gens d'Assyrie ou de Ninive devrait rester en
terre d'Égypte, mais qu'ils devraient aller avec Ahikar.
Alors il alla et prit congé du roi Pharaon et voyagea, cherchant
la terre d'Assyrie et Ninive; et il avait quelques trésors et beaucoup de
richesses. Quand la nouvelle parvint au roi Sennachérib qu’Ahikar venait, il
partit le rencontrer et il se réjouit extrêmement en lui avec une grande joie
et l'enlaça et l'embrassa et lui dit: «Bienvenue à la maison, O parent! Mon
frère Ahikar, force de mon royaume et fierté de mon règne. Demande ce que tu
veux de moi, même si tu désires la moitié de mon royaume et de mes biens.»
Alors, il lui répondit: «Ô mon seigneur le roi, vis toujours dans les générations des générations! Montre faveur, Ô mon seigneur le roi! À Abu Samik dans mon lot de terrain, parce que ma vie était dans les mains de Dieu et dans les siennes.»
Alors, il lui répondit: «Ô mon seigneur le roi, vis toujours dans les générations des générations! Montre faveur, Ô mon seigneur le roi! À Abu Samik dans mon lot de terrain, parce que ma vie était dans les mains de Dieu et dans les siennes.»
Alors le roi Sennachérib dit: «Que l'honneur soit sur toi, Ô mon
bien-aimé Ahikar! Je ferai le statut d'Abu Samik, le bourreau, plus haut que
tous mes conseillers privés et mes favoris.»
Alors le roi commença à lui demander comment il avait triomphé du
Pharaon depuis son arrivée jusqu'à son départ comment il avait répondu à toutes
les questions et comment il reçut les impôts de Pharaon. Sennachérib le roi se
réjouit d'une grande joie et lui dit: «Prends ce que tu voudrais avoir
volontiers de ce tribut, car tout cela est dans ta main.»
Et Ahikar répondit: «Ô mon seigneur le roi, vis toujours dans les
générations des générations! Je ne désire rien, mais la sécurité de mon
seigneur le roi et la continuité de sa grandeur. Ô mon seigneur! Qu'est-ce que
je peux faire avec la richesse? Mais si tu me montrais faveur, donne-moi Nadan,
le fils de ma sœur, que je puisse le récompenser pour ce qu'il m'a fait et
accorde-moi son sang et me tienne innocent de cela.» Sennachérib le roi dit:
«Prends-le, je te l'ai donné»
Et il prit Nadan, le fils de sa sœur et attacha ses mains avec les
chaînes de fer et l'amena à sa demeure et il mit une lourde chaîne sur ses
pieds et lia cela avec un nœud serré et après l'avoir attaché ainsi, il le jeta
dans une pièce sombre et nomma Nebuhal comme sentinelle sur lui et commanda
qu'il lui donne une miche de pain et un peu d'eau chaque jour.
Chaque fois que j'entrais ou je sortais, il grondait Nadan lui
disant:
- Ô Nadan, mon garçon! Je t'ai fait tout ce qui est bon et
aimable. Et tu m'as récompensé pour cela avec ce qui est vilain et mauvais et
avec le meurtre.
- Ô mon fils! Il est dit dans les proverbes: Celui qui n'écoute
pas avec ses oreilles, ils le feront écouter avec la nuque de son cou. Parce
que je t'ai élevé et t'ai enseigné et t'ai donné l'honneur et le respect et
t'ai fait grand et t'ai élevé avec la meilleure éducation et t'ai assis à ma
place que tu puisses être mon héritier dans le monde et tu m'as traité en
voulant me tuer et m'as récompensé avec ma ruine. Mais le Seigneur savait que
j'étais trompé et Il m'a sauvé du piège que tu avais fait pour moi, car le
Seigneur guérit les cœurs brisés et fait obstacle à l'envieux et à l'hautain.
- Ô mon garçon! Tu as été pour moi comme le scorpion qui, quand il
frappe sur la roche, il la perce.
- Ô mon garçon! Tu es comme la gazelle qui mangeait les racines de
sumac des corroyeurs et il lui a dit: «Mange-moi aujourd'hui et remplis-toi et
demain ils travailleront ta peau dans mes racines.»
- Ô mon garçon! Tu as été pour moi comme un homme qui a vu son
camarade nu dans le temps froid d'hiver; et il a pris de l'eau froide et l'a
versée sur lui.
- Ô mon garçon! Tu as été pour moi comme un homme qui a pris une
pierre et l'a jeté jusqu'au ciel pour lapider son Seigneur avec. Et la pierre
n'a pas frappé et n'est pas parvenue assez haut, mais est devenu la cause de sa
culpabilité et sa fauté.
- Ô mon garçon! Si tu m'avais honoré et m'avais respecté et avais
écouté mes mots tu aurais été mon héritier et aurais régné sur mes sujets.
- Ô mon fils! Sais-tu que si la queue du chien ou du porc était de
dix coudées de long il n'atteindrait pas la valeur du cheval même si elle était
comme la soie.
- Ô mon garçon! J'ai pensé que tu aurais été mon héritier à ma
mort; et par ton envie et ton insolence tu as désiré me tuer. Mais le Seigneur
m'a délivré de ta ruse.
- Ô mon fils! Tu as été pour moi comme un piège qui a été
construit sur un tas de fumier et là est venu un moineau et a trouvé le piège.
Et le moineau a dit au piège: «Que fais-tu ici?» Le piège dit: «Je prie ici à
Dieu.» Et l'alouette a demandé aussi: «Qu'est-ce que le bout de bois que tu
tiens?» Le piège dit: «C'est un jeune chêne sur lequel je m'appuie au moment de
la prière. L'alouette dit: «Et quelle est cette chose dans ta bouche?» Le piège
dit: «C'est du pain et des vivres pour lesquelles je porte pour tout affamé et
pauvre qui s'approche de moi.» L'alouette dit: «Maintenant alors puis-je venir
et manger, car j'ai faim?» Et le piège lui a dit «Viens.» Et l'alouette s'est
approché pour manger. Mais le piège se déclencha brusquement et saisi
l'alouette par son cou. Et l'alouette a répondu et dit au piège: «Si c'est ton
pain pour les affamés Dieu n'acceptera pas ton aumône et tes bonnes actions. Et
si c'est tes jeûnes et tes prières, Dieu n'acceptera de toi ni ton jeûne ni ta
prière et Dieu ne parfaira pas ce qui est bon te concernant.»
- Ô mon garçon! Tu as été pour moi comme un lion qui s'est lié
d'amitié avec un âne et l'âne continua à marcher devant le lion pour un temps;
et un jour le lion sauta sur l'âne et le mangea.
- Ô mon garçon! Tu as été pour moi comme un charançon dans le blé, car cela n'a rien fait de bien à quoi que ce soit, mais a gâté le blé et l'a rongé.
- Ô mon garçon! Tu as été pour moi comme un charançon dans le blé, car cela n'a rien fait de bien à quoi que ce soit, mais a gâté le blé et l'a rongé.
- Ô mon garçon! Tu ressembles à un homme qui a semé dix mesures de
blé et au temps de la moisson, il se leva et le récolta et le recueilli et le
battit et le travailla dur jusqu'à l'extrême et il s'est avéré qu'il trouva
seulement dix mesures et son maître lui dit: «O toi chose paresseuse! Tu n'as
pas grandi.»
- Ô mon garçon! Tu as été pour moi comme la perdrix qui fut jetée
dans le filet et elle ne put pas se sauver, mais elle appela les autres
perdrix, qu'elle puisse les jeter avec elle dans le filet.
- Ô mon fils! Tu as été pour moi comme le chien qui était froid et
il est entré à la maison du potier pour se réchauffer. Et quand il fut
réchauffé, il commença à aboyer après eux et ils le chassèrent dehors et le
battirent, pour qu'il ne puisse plus les mordre.
- Ô mon fils! Tu as été pour moi comme ce porc qui fut prendre un
bain chaud avec les grands et quand il sortit du bain chaud, il vit un trou
sale et il y est descendu et s'y est vautré.
- Ô mon fils! Tu as été pour moi comme la chèvre qui a rejoint ses
camarades sur leur chemin du sacrifice et elle fut incapable de se sauver
elle-même.
- Ô mon garçon! Le chien qui n'est pas nourrit de sa chasse
devient la nourriture des mouches.
- Ô mon fils! La main qui ne fait pas de travail et ne laboure pas
et qui est avide et rusé sera coupée de son épaule.
- Ô mon fils! L'oeil qui ne voit pas lumière, le corbeau le
picorera et l'arrachera.
- Ô mon garçon! Tu as été pour moi comme un arbre qui dit à ceux
qui le coupent: «Si vous n'aviez pas une partie de moi, en vérité vous seriez
incapables de me couper.»
- Ô mon garçon! Tu es comme le chat à qui ils ont dit: « Cesse de
voler jusqu'à ce que nous fassions pour toi une chaîne en or et nous te
nourrirons de sucre et d'amandes.» Le chat dit: «Je ne suis pas oublieux du
métier de mon père et de ma mère.»
- Ô mon fils! Tu ressemble au serpent allant dans un buisson
d'épine quand il fut au milieu d'une rivière et un loup le vit et dit: «Le
mauvais est monté sur le mauvais et un plus mauvais qu'eux deux les emporte.»
Et le serpent dit au loup: «Les agneaux, les chèvres et le mouton que tu as
mangé toute ta vie, vas-tu les rendre à leurs pères et à leurs parents ou non?»
Le loup dit: «Non». Et le serpent lui dit: «Je pense d'après moi que tu es le
plus mauvais de nous.»
- Ô mon garçon! Je t'ai nourrit de bons aliments et tu ne m'as pas
nourrit de pain sec.
- Ô mon garçon! Je t'ai donné de l'eau sucrée pour boire et le bon
sirop et tu ne m'as pas donné d'eau bonne à boire.
- Ô mon garçon! Je t'ai enseigné et t'ai élevé et tu as creusé une
cachette pour moi et m'as dissimulé dedans.
- Ô mon garçon! Je t'ai élevé avec la meilleure éducation et j'ai
grandi ta stature comme un grand cèdre; et tu m'as tordu et m'as plié durant ma
vie.
- Ô mon garçon! C'était mon espoir te concernant que tu puisses me
construire un château fortifié, que je puisse être caché de mes ennemis et tu
es devenu pour moi comme un enterrement dans la profondeur de la terre; mais le
Seigneur a eu pitié de moi et m'a délivré de ta ruse.
- Ô mon garçon! Je t'ai souhaité le bien et tu m'as récompensé
avec le mal et la haine et maintenant j'arracherais volontiers tes yeux et te
ferais nourriture pour les chiens et couperais ta langue et enlèverais ta tête
avec le bout de l'épée et te récompenserais de tes actes abominables.»
Quand Nadan entendit ce discours, il dit: «Ô mon oncle! Traite-moi
selon ta connaissance et pardonne-moi mes fautes, car y a-t-il quelqu'un qui a
fauté comme moi, ou y a-t-il quelqu'un qui pardonne comme toi? Accepte-moi, Ô
mon oncle! Maintenant je servirai dans ta maison et toiletterai tes chevaux et
enlèverai les excréments de ton bétail et nourrirai tes moutons, car je suis
mauvais et tu es juste: je suis le coupable et toi le pardonnant.»
Il lui répondit:
- Ô mon garçon! Tu es comme l'arbre qui était stérile à côté de
l'eau et son maître devait volontiers le couper et l'arbre lui dit:
«Transplante-moi à une autre place et si je ne porte pas fruit, coupe-moi.» Son
maître lui répondit: «Étant à côté de l'eau tu n'as pas porté de fruits,
comment porteras-tu des fruits si tu es dans un autre lieu?»
- Ô mon garçon! La vieillesse de l'aigle est meilleure que la
jeunesse de la corneille.
- Ô mon garçon! Ils ont dit au loup: «Tiens-toi loin du mouton de
peur que leur poussière ne te nuise.» Et le loup dit: «La lie du lait du mouton
est bonne pour mes yeux.»
- Ô mon garçon! Ils ont envoyé le loup à l'école pour qu'il puisse
apprendre à lire et ils lui ont dit: «Dis A, B.» Il a dit: «L'agneau et la
chèvre dans mon ventre.»
- Ô mon garçon! Ils ont mis l'âne à table et il est tombé et a
commencé à se rouler dans la poussière et quelqu'un a dit: «Laissez-le se
rouler, car c'est sa nature, il ne changera pas.»
- Ô mon garçon! La sentence qui court a été confirmée: «Si tu
engendre un garçon, appel-le ton fils, et si tu élève un garçon, appel-le ton
esclave.»
- Ô mon garçon! celui qui fait le bien rencontrera la bonté; et
celui qui le fait le mal rencontrera le mal, car le Seigneur récompense un
homme selon la mesure de son travail.
- Ô mon garçon! Que te dirais-je de plus que ces exemples? Car le
Seigneur discerne ce qui est caché et connaît les mystères et les secrets. Et
Il vous récompensera et jugera entre moi et toi et te récompensera selon ton
mérite.»
Et quand Nadan entendit son
discours, il gonfla immédiatement et est devenu comme une vessie vide. Et ses
membres se gonflèrent ; ses jambes et ses pieds et son côté et il fut déchiré
et son ventre éclata et ses entrailles se dispersèrent et il périt et mourut.
Sa fin était la perdition et il tomba dans la géhenne. Car celui qui creuse une
fosse pour son frère y tombera ; et celui qui tend des pièges sera attrapé
par eux.
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3
Lucien de Samosate (né vers 120, mort après 180) est un rhéteur et satiriste de Commagène, en Anatolie, qui écrivait en grec, mais sa famille parlait l’araméen.
Il naquit à Samosate, dans la province romaine de Syrie, et mourut en Égypte. Il fut sculpteur puis avocat, et voyagea dans tout l'Empire romain.
ÉLOGE DE LA PATRIE (01).
I. Rien n'est plus, doux que la patrie, dit un commun proverbe (02). Est-il, en effet, rien de plus aimable, de plus auguste, de plus divin ? Seulement, tout ce que les hommes regardent comme divin et auguste, n'est tel qu'en raison de la patrie, cause et maîtresse souveraine qui donne à chacun la naissance, la nourriture et l'éducation. On peut admirer la grandeur, la beauté et la magnificence des autres cités ; mais on ne chérit que celle où l'on a reçu le jour ; et, de tous les voyageurs qu'entraîne le plaisir de voir un spectacle agréable, il n'en est aucun qui se laisse séduire par les merveilles qu'il trouve chez les autres peuples, au point d'oublier entièrement le lieu de sa naissance.
2. Quiconque se fait gloire d'être citoyen d'une ville fortunée ignore, ce me semble, quel est le véritable hommage qu'on doit rendre à la patrie ; il montre qu'il serait fâché que le ciel l'eut fait naître dans des lieux moins célèbres. Pour moi, je pense que c'est le nom même de notre patrie que nous devons honorer. Si l'on veut comparer une ville à une autre, on examinera leur étendue, leur beauté, l'abondance dont elles jouissent ; mais, s'il faut faire un choix, personne ne préférera la cité la plus brillante à sa patrie. Il pourra, bien souhaiter qu'elle égale en opulence les villes les plus riches; mais, telle qu'elle est, elle sera toujours l'objet de ses vœux.
3. Ce sont aussi là les sentiments des enfants vertueux et des bons pères. Un jeune homme vertueux ne préfère personne à son père ; un bon père n'abandonne pas son fils pour un étranger. Tous les pères, au contraire, sont tellement esclaves de leur tendresse paternelle, qu'ils croient toujours leurs enfants plus beaux, mieux faits, mieux doués que tous les autres. Quiconque ne juge pas ainsi des siens n'a pas, à mon avis, des yeux de père.
4. Le nom de la patrie est donc le premier qui retentisse à nos oreilles, celui qui leur devient le plus familier; car il n'y a rien de plus familier que le nom d'un père. Or, témoigner envers un père le juste respect que commandent les lois et la nature, c'est rendre à la patrie l'hommage qui lui est dû ; un père, en effet, est une dépendance de la patrie, ainsi que le père de ce père ; et toute la ligne ascendante d'aïeux, en en faisant remonter le nom jusqu'aux dieux paternels.
5. Les dieux eux-mêmes aiment leur patrie ; leurs yeux, il est vrai, en embrassant l'univers et l'ensemble des choses humaines; regardent comme leur domaine et la terre et les mers ; mais la ville où chacun d'eux a pris naissance est plus chère à leurs cœurs que toutes les autres cités. Ainsi celles qui peuvent se vanter d'avoir donné le jour à des dieux sont plus augustes ; les îles qui furent leur berceau sont plus sacrées ; enfin le culte que l'on croit leur être le plus agréable est celui qu'on vient leur rendre dans ces lieux préférés. Si donc le nom de la patrie est cher aux dieux, combien ne doit-il pas l'être plus aux hommes ?
6. C'est dans la patrie que chacun de nous a vu d'abord luire le soleil. Ce dieu, généralement adoré de tous les hommes, est encore en particulier le dieu de leur patrie ; sans doute parce que c'est là qu'ils ont commencé à jouir de son aspect, articulé les premiers sons, répété le langage de leurs parents, appris à connaître les dieux. Si la patrie que le sort nous a donnée est telle que nous ayons besoin d'aller puiser ailleurs une éducation plus relevée, c'est encore à elle que nous devons savoir gré de cette éducation, puisque sans elle nous n'eussions pas connu le nom de cette ville ; nous ne nous serions pas doutés de son existence.
7. Toutes ces sciences, du reste, cette instruction que les hommes cherchent à acquérir, c'est encore pour leur patrie qu'ils l'acquièrent, c'est pour se rendre plus utiles à leurs concitoyens ; et, s'ils amassent des richesses, c'est pour parvenir aux honneurs et fournir aux dépenses publiques. Ils ont raison; selon moi : il ne faut pas être ingrat, quand on a été comblé des plus grands bienfaits. Et si nous témoignons, comme il est juste, une reconnaissance spéciale à chacun de nos bienfaiteurs, elle doit éclater encore davantage envers notre patrie. Les villes ont établi des lois qui répriment la mauvaise conduite des enfants à l'égard de leurs parents. Eh ! ne convient-il pas de regarder la patrie comme une tendre mère, de lui payer le prix de notre éducation, de la connaissance qu'elle nous a donnée des lois ?
8. Jamais on n'a vu d'homme oublier sa patrie au point de rie s'en plus soucier lorsqu'il est dans une autre ville. Au contraire, les voyageurs, dans leurs disgrâces, se rappellent toujours que la patrie est le plus grand des biens. Ceux que la fortune favorise, quoique heureux, du reste, croient manquer de ce qui fait surtout le bonheur, en n'habitant pas dans leur patrie, mais sur une terre étrangère : ce nom même d'étranger est une injure. Tous ceux qui se sont illustrés durant leurs voyages, en acquérant des richesses, en obtenant de glorieux honneurs, en se créant une réputation littéraire, en faisant admirer leur courage, on les voit tous s'empresser de revenir dans leur patrie, comme s'ils ne trouvaient point ailleurs des yeux plus dignes de contempler leur fortune ; ils ont d'autant plus de hâte à rentrer dans leur pays, qu'ils ont conquis plus d'estime chez les étrangers.
9. La patrie est aimable pour les jeunes gens ; mais les vieillards, dont l'esprit est plus sensé que celui de la jeunesse, la désirent avec encore plus d'ardeur. Chacun d'eux, en effet, souhaite de mourir dans le sein de cette patrie où ils ont commencé à vivre ; ils désirent confier le dépôt de leur corps à cette terre qui les a nourris et partager la sépulture de leurs aïeux. C'est, en effet, pour tout homme, un affreux malheur que d'être surpris parla mort et de reposer dans une terre étrangère.
10. Si l'on veut bien comprendre l'attachement que de bons citoyens doivent avoir pour la patrie, il faut s'adresser à ceux qui sont nés dans un autre pays. Les étrangers, comme des enfants illégitimes, changent facilement de séjour ; le nom de patrie, loin de leur être cher, leur est inconnu. Partout où ils espèrent se procurer plus abondamment de quoi suffire à leurs besoins, ils s'y transportent, et mettent leur bonheur dans la satisfaction de leurs appétits. Mais ceux pour qui la patrie est une mère, chérissent la terre qui les a nourris, fût-elle petite, âpre, stérile. S'ils ne peuvent en louer la fertilité, ils ne manqueront pas d'autre matière à leurs éloges. Entendent-ils d'autres peuples louer, vanter leurs vastes prairies émaillées de mille fleurs, ils n'oublient point de louer aussi le lieu de leur naissance (03), et, dédaignant la contrée qui nourrit les coursiers (04), ils célèbrent le pays qui nourrit la jeunesse.
11. Oui, tous les hommes s'empressent de retourner dans leur patrie, jusqu'à l'insulaire (05), qui pourrait jouir ailleurs de la félicité ; il refusé l'immortalité qui lui est offerte, il préfère un tombeau dans sa terre natale, et la fumée de sa patrie lui paraît plus brillante que le feu qui luit dans un autre pays (06).
12. La patrie est donc pour tous les hommes un bien si précieux, que partout les législateurs ont prononcé contre les plus grands crimes, comme la peine la plus terrible, l'exil. Et il n'y a pas que les législateurs qui pensent ainsi : les chefs d'armée qui veulent entraîner leurs troupes rangées pour la bataille, ne trouvent rien à leur dire que ces mots : "Vous combattez pour votre pays !" Il n'y a personne qui, en les entendant, veuille être lâche ; et le soldat timide se sent du cœur au nom de la patrie.
(01) On a contesté l'authenticité de cet opuscule : Wieland, ne doute pas qu'il ne soit de Lucien. Suivant le témoignage de cet illustre critique, ce serait une improvisation, faite par Lucien déjà vieux et de retour à Samosate, après ses longues courses dans l'empire romain.
(02) Voy. Homère, Odyssée, IX, v. 34. Cf. Euripide, Phéniciennes, v. 409.
(03) Cf. la belle ode de Béranger : Qu'il va lentement le navire, etc.(04) Allusion à Télémaque refusant les présents de Ménélas. Voy. Odyssée, V. 601 et suivants ; Horace, livre I, Ép. VII, v. 40 et suivants.
(05) Ulysse.
(06) Odyssée, I, v. 58.
(02) Voy. Homère, Odyssée, IX, v. 34. Cf. Euripide, Phéniciennes, v. 409.
(03) Cf. la belle ode de Béranger : Qu'il va lentement le navire, etc.(04) Allusion à Télémaque refusant les présents de Ménélas. Voy. Odyssée, V. 601 et suivants ; Horace, livre I, Ép. VII, v. 40 et suivants.
(05) Ulysse.
(06) Odyssée, I, v. 58.