Les Syriaques écrivirent de nombreuses chroniques, qui nous rapportent des événements lointains et précieux.
L’auteur
L’auteur, anonyme, était peut-être un religieux, syriaque occidental, qui vécut à l’époque des premières croisades. Il donne beaucoup de détails sur la ville d’Edesse, avec l’accent d’un témoin oculaire. Il est le contemporain des événements qui se déroulèrent de 1187 à 1237. Il se trouvait à Jérusalem en 1187, lors du siège de la ville par l’émir Salah al-Din.
La chronique
La Chronique de l’Edessénien anonyme fut composée après l’an 1237. Elle comprend deux sections.
La Chronique civile va jusqu’aux événements de 1234, mais devait à l’origine aller jusqu’à l’année 1237.
La Chronique ecclésiastique raconte l’histoire des patriarches jacobites. Très abîmée, elle se termine en 1204 et complète la Chronique de Michel le Syriaque. L’auteur affirme qu’il rédigea d’autres livres. Qui était-il ?
Nous avons choisi, dans la Chronique civile, une anecdote intéressante qui montre le sang-froid et l’héroïsme d’une femme d’Edesse au onzième siècle.
L’Edessénien anonyme se reporte à l’arrivée des Turcs seldjoukides. Dès 1055, événement capital, ils occupèrent Bagdad, dominèrent peu à peu la Mésopotamie, soumirent les princes arabes. Sous le règne du grand sultan Malik Shah (Abu‘-Fatah dans la chronique), ils progressèrent en Syrie, en Djézira, en Anatolie.
Lorsque mourut Malik Shah (1072 -1092 A.D.), dans la région perse du Khorasan, il laissa des enfants en bas âge.
Ses sujets, les gouverneurs de Syrie, gardèrent leurs villes et n’obéirent plus à personne. Ils en profitèrent pour se disputer les cités les uns aux autres.
Le général turc Buzan, détenait le pouvoir à Edesse, dont il s’était emparé en 1087. Il y avait nommé un chef grec, Thoros, fils de Hétoum. Buzan alla à Damas, fit la guerre au gouverneur Tutus. Il fut vaincu et fait prisonnier. Tutus dépêcha alors des soldats à Edesse pour prendre la ville, mais les habitants refusèrent de la lui livrer. Tutus, en colère contre Edesse, trancha la tête à Buzan et l’envoya avec le général Al-Firg, qui entra dans la citadelle et occupa la ville.
Les soldats turcs coururent aux bains, trouvèrent leur commandant mort et prièrent les habitants de les laisser sortir sains et saufs de la ville. Ceux qui restaient dans la citadelle envoyèrent informer Tutus de Damas de ce qui était arrivé. Tutus, qui se préparait à venir à Edesse avec ses troupes, tomba malade et mourut. Théodore, fils de Hétom, acheta alors la citadelle au chef des Turcs qui s’en alla.
Ainsi la cité d’Edesse fut sauvée par une femme courageuse, habile, comme une héroïne de la Bible. Judith, pour sauver la ville de Béthulie, séduisit le général de Nabuchodonosor, roi des Chaldéens, Holopherne et lui coupa la tête quand il fut ivre.(Le livre de Judith)
Edesse retourna aux Romains jusqu’à l’arrivée des croisés Francs. En 1097, après la disparition de Thoros, fils de Hétom, assassiné par ses sujets, les Francs en firent la capitale d’un comté.
Publication
Le manuscrit unique syriaque fut trouvé à Constantinople en 1899 par le patriarche syrien catholique Ignace Ephrem II Rahmani. Il datait peut-être de la fin du XIV e siècle.
-Publié par I. Rahmani
1904, le premier fascicule du texte.
1911, le deuxième fascicule.
-Publié par J.-B.Chabot, 1916, CSCO 81/Syr.36 et 82/Syr.37
Traduction
Traduction anglaise partielle, " The first and Second Crusades from an anonymous Syriac Chronicle" par A. S. Tritton, JRAS, 1933
La chronique de 1234, II, fut traduite en français par Albert Abouna, Louvain, CSCO, VOL.354, Tomus 154, 1974
Traduction arabe par A. Abouna, Bagdad, 1986.
L’auteur
L’auteur, anonyme, était peut-être un religieux, syriaque occidental, qui vécut à l’époque des premières croisades. Il donne beaucoup de détails sur la ville d’Edesse, avec l’accent d’un témoin oculaire. Il est le contemporain des événements qui se déroulèrent de 1187 à 1237. Il se trouvait à Jérusalem en 1187, lors du siège de la ville par l’émir Salah al-Din.
La chronique
La Chronique de l’Edessénien anonyme fut composée après l’an 1237. Elle comprend deux sections.
La Chronique civile va jusqu’aux événements de 1234, mais devait à l’origine aller jusqu’à l’année 1237.
La Chronique ecclésiastique raconte l’histoire des patriarches jacobites. Très abîmée, elle se termine en 1204 et complète la Chronique de Michel le Syriaque. L’auteur affirme qu’il rédigea d’autres livres. Qui était-il ?
Nous avons choisi, dans la Chronique civile, une anecdote intéressante qui montre le sang-froid et l’héroïsme d’une femme d’Edesse au onzième siècle.
L’Edessénien anonyme se reporte à l’arrivée des Turcs seldjoukides. Dès 1055, événement capital, ils occupèrent Bagdad, dominèrent peu à peu la Mésopotamie, soumirent les princes arabes. Sous le règne du grand sultan Malik Shah (Abu‘-Fatah dans la chronique), ils progressèrent en Syrie, en Djézira, en Anatolie.
Lorsque mourut Malik Shah (1072 -1092 A.D.), dans la région perse du Khorasan, il laissa des enfants en bas âge.
Ses sujets, les gouverneurs de Syrie, gardèrent leurs villes et n’obéirent plus à personne. Ils en profitèrent pour se disputer les cités les uns aux autres.
Le général turc Buzan, détenait le pouvoir à Edesse, dont il s’était emparé en 1087. Il y avait nommé un chef grec, Thoros, fils de Hétoum. Buzan alla à Damas, fit la guerre au gouverneur Tutus. Il fut vaincu et fait prisonnier. Tutus dépêcha alors des soldats à Edesse pour prendre la ville, mais les habitants refusèrent de la lui livrer. Tutus, en colère contre Edesse, trancha la tête à Buzan et l’envoya avec le général Al-Firg, qui entra dans la citadelle et occupa la ville.
" Tutus avait donné ordre à Al-Firg de livrer Edesse au pillage de ses soldats, parce qu’on ne l’avait pas rendue dès le début. Quand Al--Firg était dans la citadelle de la ville, tous les jours ses officiers insistaient auprès de lui pour piller la ville, et lui les retenait de jour en jour. Un jour, il offrit un banquet dans la citadelle aux chefs de son armée. Il fit chercher tous les chanteurs de la ville et une chanteuse appelée Qira Gali, une chrétienne. Lorsque son coeur ( Al--Firg) fut égayé par le vin, les chefs de son armée s’approchèrent de lui et lui demandèrent d’accomplir sa promesse de piller la ville. Il leur fit serment que le lendemain il donnerait l’ordre de piller la ville. Il parlait en langue persane, mais la chanteuse comprit la conversation. Aussitôt elle imagina une ruse astucieuse : elle se mit à geindre d’un mal d’estomac. Ils lui demandèrent ce qu’elle désirait qu’on lui apportât. Mais elle leur dit qu’elle avait l’habitude de ce mal et que lorsqu’il la prenait rien ne la soulageait que le bain. Alors ils lui permirent d’aller au bain. Descendant de la citadelle, elle alla tout de suite chez Théodore fils de Hétom et l’informa de cette affaire. Alors il lui dit : "ô femme, le sang de toute la ville est entre tes mains. Vois comment tu sauveras la ville." Il lui donna sa propre bague; quand celle-ci touchait n’importe quelle nourriture ou boisson, elle tuait instantanément. Elle prit donc la bague et remonta à la citadelle, comme si son mal s’était calmé. Les invités s’en réjouirent. Dans cette allégresse, elle se leva pour danser, prit une coupe de vin et dansa d’une façon lascive. Elle trempa la bague dans la coupe après la danse, s’avança et la présenta à Al-Firg. L’ayant bu, il se mit à se plaindre de son estomac. Elle lui dit : "Seigneur, hâtez-vous d’aller au bain; car moi c’est au bain que j’ai été délivrée de mon mal." Il descendit au bain; elle lui ôta ses vêtements et entra avec lui. Une fois entré dans la demeure intérieure, il rendit aussitôt l’âme. Elle sortit, disant aux énuques et serviteurs qui se tenaient à la porte : "Le roi dort, gardez-vous de le déranger." (II, P. 38-39)
Les soldats turcs coururent aux bains, trouvèrent leur commandant mort et prièrent les habitants de les laisser sortir sains et saufs de la ville. Ceux qui restaient dans la citadelle envoyèrent informer Tutus de Damas de ce qui était arrivé. Tutus, qui se préparait à venir à Edesse avec ses troupes, tomba malade et mourut. Théodore, fils de Hétom, acheta alors la citadelle au chef des Turcs qui s’en alla.
Ainsi la cité d’Edesse fut sauvée par une femme courageuse, habile, comme une héroïne de la Bible. Judith, pour sauver la ville de Béthulie, séduisit le général de Nabuchodonosor, roi des Chaldéens, Holopherne et lui coupa la tête quand il fut ivre.(Le livre de Judith)
Edesse retourna aux Romains jusqu’à l’arrivée des croisés Francs. En 1097, après la disparition de Thoros, fils de Hétom, assassiné par ses sujets, les Francs en firent la capitale d’un comté.
Publication
Le manuscrit unique syriaque fut trouvé à Constantinople en 1899 par le patriarche syrien catholique Ignace Ephrem II Rahmani. Il datait peut-être de la fin du XIV e siècle.
-Publié par I. Rahmani
1904, le premier fascicule du texte.
1911, le deuxième fascicule.
-Publié par J.-B.Chabot, 1916, CSCO 81/Syr.36 et 82/Syr.37
Traduction
Traduction anglaise partielle, " The first and Second Crusades from an anonymous Syriac Chronicle" par A. S. Tritton, JRAS, 1933
La chronique de 1234, II, fut traduite en français par Albert Abouna, Louvain, CSCO, VOL.354, Tomus 154, 1974
Traduction arabe par A. Abouna, Bagdad, 1986.